Illégalité de la Crei, dépénalisation de l’homosexualité, procès Habré: Me Sidiki Kaba se défend

Sa nomination au ministère de la Justice a été fortement décriée par une partie de l’opinion, pour avoir défendu la dépénalisation de l’homosexualité, déclaré illégale la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), et été conseiller de la partie civile dans la procédure initiée par l’Etat contre l’ex-Président tchadien, Hissène Habré. En marge de sa passation de service avec l’ex-Garde des Sceaux, devenue Premier ministre, Me Sidiki Kaba, sans renier ses positions, s’est plié à la politique définie par le chef de l’Etat.

Vos premiers mots Me Sikibi Kaba, ministre de la Justice ?

Je voudrais remercier le président de la République, madame le Premier ministre, de m’avoir fait l’honneur de servir mon pays en tant que Garde des Sceaux, ministre de la Justice. Et je voudrais m’y consacrer en ne ménageant aucun effort pour contribuer au renforcement de la justice, son indépendance, en continuant à faire de sorte qu’il ait renforcement de l’Etat de droit, reposant sur le socle de l’indépendance de la justice. Mais aussi respectueux des droits et libertés des justiciables et des citoyens sénégalais.

Vous nomination au ministère de la Justice a été fortement controversée…

Vous parlez de l’avocat militant des droits de l’homme ou du ministre de la Justice. L’homme des droits de l’homme a son parcours qui est connu de tous, et qui a assumé, pendant les trente-cinq (35) années de ce combat au Sénégal, en Afrique, à travers le monde, la défense de la liberté des femmes, des hommes, des handicapés, des faibles contre les puissants. Maintenant quand vous parlez du ministre de la Justice qui vient de commencer à compter de ce jour, il s’imprègne des dossiers qui lui sont affectés. Mais, d’ores et déjà, ce que je voudrais dire, c’est que je veillerai à ce que la justice s’exerce dans l’intérêt supérieur de l’Etat du Sénégal, mais en veillant à ce que cette justice soit au service des justiciables dont les droits seront garantis, les libertés assumées dans une société démocratique, un Etat de droit, qui va fonctionner sur les principes d’égalité, d’impartialité, de non-discrimination, de non- exclusion et d’équité.

Vous aviez dénoncé la légalité de la Crei. Quelle est votre position actuelle ?

Il y a eu un processus qui est en cours. Ce processus va aller jusqu’à son terme. Et si vous voulez savoir si je suis juge, eh bien, je dirais que je ne serai pas juge. Je ne rédigerai pas avec mes mains les décisions de justice. Quand je parle de l’indépendance de la justice qu’il faut renforcer, ce n’est pas moi le juge. Ce n’est pas aussi ce qui est se dit dans la rue qui lie le juge. Ce sera au juge d’apprécier si cette Cour doit fonctionner sur la base de la loi. Et qui va dire, quels sont les droits de ceux qui sont déférés devant cette Cour, et c’est cela l’Etat de droit.

Quelle est votre position actuelle sur la dépénalisation de l’homosexualité ?

Mon point de vue, j’ai exprimé celui de mon organisation (Ndlr : Fédération internationale des droits de l’homme (Fidh)). Je suis un ministre de la République qui exerce dans le cadre d’un gouvernement et qui exprime ses positions à travers celles du Chef de l’Etat, et qui s’imposent, donc, à l’ensemble de ceux qui servent sous sa direction.

Les avocats de Habré sont inquiétés de votre nomination à la tête de ce ministère de la Justice en remplacement de Mme Aminata Touré. Que leur dites-vous ?

Dites leur qu’ils se rassurent. Je pense que le Sénégal a une occasion historique de rendre une justice exemplaire et qui sera un procès historique. Parce que ce procès démontera sans doute que l’Afrique a la capacité de juger ses bourreaux sur son propre continent. Je pense que ça était un choix fondamental de juger Habré ici (Ndlr : au Sénégal) et non en Belgique.

Le Populaire