Obama face à l’intransigeance russe et chinoise au G20

Vladimir Poutine et Barack Obama ont échangé poignée de mains et sourires forcés à l’ouverture du G20. Ils n’ont pu dissiper l’impression de crispation dominant ce sommet marqué par la situation en Syrie. Les leaders des pays du G20 sont entrés de plain-pied dans la crise syrienne, abordée de manière officielle lors d’un dîner de gala jeudi soir. Celui-ci a été organisé dans le somptueux palais de Peterhof, paré pour l’occasion d’un impressionnant habit de lumière bleu.

La plupart des invités, emmenés à pied par Vladimir Poutine, sont arrivés vers 19h30 (en Suisse). Les photographes ont pu constater que François Hollande, Angela Merkel et le Premier britannique David Cameron conversaient, la mine grave. Le président américain, promoteur d’une intervention militaire contre le régime syrien de Bachar al-Assad qu’il accuse d’utiliser des armes chimiques, est arrivé en solitaire peu avant 20h00. Ce repas a été l’occasion d’aborder la crise syrienne, source de très vives tensions diplomatiques entre les Etats-Unis et la Russie depuis plusieurs jours. Moscou soutient Damas et s’oppose à l’option militaire américaine.

Solution politique

Auparavant, au cours d’une rencontre avec le Premier ministre japonais Shinzo Abe, le président américain avait déclaré que les dirigeants mondiaux réunis devraient «admettre que l’utilisation d’armes chimiques en Syrie n’était pas seulement une tragédie, mais aussi une violation du droit international qui devait être réglée». Le camp des bellicistes se heurte au soutien indéfectible de la Russie au régime de Bachar al-Assad et à la résistance de la Chine. «La situation actuelle montre que la solution politique est la seule voie» possible pour régler la crise, a déclaré un porte-parole de la délégation chinoise.

Trois navires de guerre

Depuis mercredi, les déclarations menaçantes et les intimidations se sont multipliées. Jeudi, trois navires de guerre russes ont franchi le détroit turc du Bosphore pour se rendre près des côtes syriennes. Dans ce contexte, l’ONU a annoncé l’arrivée surprise en Russie de son envoyé spécial, Lakhdar Brahimi, qui est également celui de la Ligue arabe. Il va aider le secrétaire général Ban Ki-moon à convaincre les leaders mondiaux de faire avancer la conférence internationale pour la Syrie, dite Genève-2.

Message du pape

L’Eglise catholique se mobilise aussi d’une manière inédite depuis sa campagne contre la guerre d’Irak en 2003. Le pape François a notamment écrit une lettre à M. Poutine, en tant que président du G20, pour prôner une solution de paix en Syrie. Les principaux pays européens sont désunis, car seule la France veut intervenir en Syrie. «Nous allons parler très intensément de la Syrie en marge du sommet», a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel, qui a rendu une visite impromptue à François Hollande en marge du sommet. Les ministres des Affaires étrangères des pays de l’Union européenne se réuniront vendredi et samedi à Vilnius pour tenter de trouver une position commune. John Kerry, leur homologue américain, pourrait les rejoindre samedi.

Efforts diplomatiques

Sur le terrain, quatre personnes ont été tuées et six autres blessées dans un attentat à la voiture piégée jeudi dans l’ouest de Damas, a annoncé l’agence officielle syrienne Sana. Par ailleurs, la chef des opérations humanitaires des Nations unies, Valerie Amos, est arrivée jeudi à Damas pour des entretiens avec des responsables syriens. Après le G20, le chef de la diplomatie syrienne, Walid Mouallem, se rendra à Moscou lundi. Il s’entretiendra de la situation en Syrie avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, a annoncé jeudi le ministère russe des Affaires étrangères. La Russie soutient le régime de Damas depuis le début du conflit en Syrie il y a deux ans et demi.

 

(ats/Newsnet)