Tambacounda: L’AVED Colibantan va développer le maraîchage familial dans la communauté rurale de Makacolibantang

De nombreux experts et praticiens internationaux la recommandent. L’agriculture familiale, notamment le maraîchage constitue un excellent rempart contre la faim. Une voie qu’a empruntée depuis 1997 l’Association Villageoise pour l’Education et le Développement, une association basée à Colibantan, et qu’elle souhaite partager avec les populations de son territoire. Début du programme en 2012. Et premières formations en cours pour l’équipe locale de formation.

Ca bouge à Colibantan depuis quelques années à l’initiative de l’AVED. Et un peu plus encore, depuis quelques mois, toujours à l’initiative de la dynamique association villageoise. Le futur bâtiment de formation dédié à la formation des populations en matière de maraîchage et pour la protection de l’environnement est en cours de construction. La pose de la première pierre a fait l’objet d’une cérémonie ce dimanche 02 octobre avec la bénédiction des autorités traditionnelles et religieuses. Et 4 membres de l’AVED, 2 hommes et 2 femmes de l’AVED reviennent d’une semaine de formation à Thiès. Une formation entièrement consacrée au maraîchage avec la société JTS, spécialisée dans la formation et la mise en place d’un maraîchage familial de haute qualité.

« L’enjeu, c’est la formation des populations »

« Nous sommes dans la première étape du programme », témoigne Kalipha Athie, le Président de l’AVED et le pilote du projet. « Et notamment dans la formation de formateurs locaux, car l’enjeu de notre projet, c’est la formation des populations, notamment des femmes et la capacité de notre communauté à assurer le transfert de connaissance de façon durable », poursuit Kalipha.  La formation précisément, va durer 10 mois avec des temps de formations théoriques notamment à Thiès, siège de la société JTS, comprenez Jardin Tropical Semences et une mise en pratique qui a déjà commencé sitôt le stage terminé.

« JTS, une référence en matière de maraîchage »

« JTS Sénégal, c’est une jeune société, créée en Février 2009  et qui est en train de devenir une référence au Sénégal en matière d’expertise et de formation en maraîchage, explique Kalipha. « Plus de 250 jardins ont été installés à travers le pays », confirme Fatou LÔ, la responsable administrative et financière. « Nous travaillons avec des partenaires très diversifiés allant des institutions internationales comme le HCR, World Vision, des ONG du Programme Initiative Pesticide de l’Union Européenne… ». La bonne adresse, Kalipha est allée la chercher en France à Angers, grâce à son partenaire nantais, l’association Colibantan. « Nous avons rencontré à Angers celui qui est à l’origine de JTS Sénégal, et fondateur de JTS France, Jean-Marie Cordier, ingénieur agronome spécialisé en agronomie tropicale et expert de la FAO », poursuit Kalipha.  Une rencontre puis une première formation en France qui ont séduit les 2 associations. « Ce qui nous a plu chez JTS, c’est à la fois l’expertise en matière de maraîchage tropical, la volonté de partager et de transférer ces connaissances avec les populations, et la proposition d’un maraîchage durable respectueux de l’environnement et approprié à la réalité du milieu ».

« Formation, dotation et accompagnement »

À partir de septembre 2012, le centre de formation de l’AVED, soutenu dans un premier temps par les techniciens de JTS va accueillir ses premières formations. « Nous ne nous engageons pas seulement pour des formations, mais beaucoup plus », précise Kalipha. «  Nous allons former, puis doter en semences et matériel les bénéficiaires, des femmes essentiellement, membres de groupements féminins.  Et nous allons les accompagner pendant plus de 2 ans en nous déplaçant régulièrement sur leurs jardins ». Car notre objectif, et celui des partenaires associés à ce projet,  c’est que dans 3 ans, le nombre de femmes formées, le nombre de jardins maraîchers créés, le nombre de fruits et de légumes produits et consommés, aient progressé dans la zone. Et nous ferons le bilan. »

« Le centre de formation pour répondre à une demande »

Le centre de formation ne sort pas de nulle part. C’est la réponse à une demande croissante des populations de la zone, et notamment des groupements féminins avec qui l’AVED travaille. « Ensemble, nous avons identifié les difficultés, les obstacles et les besoins», explique Kalipha, qui poursuit. «  Il y a quelques années encore, nous étions le seul jardin maraîcher dans la zone. Mais les gens ont vu que cela marchait et depuis 4 ans, le nombre de jardins créés et les demandes de soutien et de conseils techniques ont explosé, sans qu’on ait les moyens d’y répondre correctement ». Rien qu’à Colibantan, durant la dernière saison sèche, 2 nouveaux grands périmètres maraîchers ont été installés qui ont mobilisé plus de 200 femmes. Et Kalipha de citer en exemple la mobilisation des villageois à Sitakourou et à Leffa.  Une vraie chance pour le développement de la zone et un rendez-vous à ne pas manquer pour que l’agriculture trouve un nouvel essor dans la zone. « C’est précisément pour ne pas rater ce rendez-vous qu’on a mobilisé de l’énergie avec tous nos partenaires pour créer ce centre de formation » confie Kalipha.

« Redonner de la valeur à notre terre et de la confiance aux paysans »

« Le maraîchage, cela redonne de la valeur à notre terre et de la confiance au paysan qui est fier de voir que sa terre peut le nourrir et ses enfants », témoigne le Président de l’AVED. « Ce n’est pas normal, que nous cultivateurs, ne puissions assumer notre sécurité alimentaire par notre seul travail. Et qu’il faille compter soit sur nos émigrés, soit sur l’aide alimentaire. ». Le maraîchage peut modifier tout cela. Sans compter que la consommation de fruits et légumes améliore considérablement la santé des populations et participe notamment à une meilleure croissance des enfants. Cela génère également des ressources financières. À Colibantan, sur le marché local, l’offre n’a jamais été aussi forte et les vendeuses sont nombreuses. On trouve désormais une bonne partie de l’année, citrons, mangues, papayes, bananes, salades, oignons, piments, gombos, tomates, pommes de terre, pastèques, aubergines…. « Le développement du maraîchage, c’est aussi une bonne façon de lutter contre l’exode rural et la désertification de nos villages », poursuit Kalipha.

« 3 collectivités françaises partenaires du projet »

Le financement du projet a été réalisé par le partenaire français de l’AVED, l’Association Colibantan Nantes. Un financement qui mobilise les ressources de plusieurs collectivités locales françaises, comme celles du Conseil régional des Pays de la Loire, du Conseil général de Loire-atlantique, de la Mairie de Nantes et de l’ASCODE, une association composée d’élus de Loire-atlantique. Mais aussi de partenaires privés comme la Fondation Nature et Découvertes sous l’égide de la Fondation de France, pour toutes les actions de formation et de protection liées à la protection de l’environnement.

Enfin, si le projet bénéficie du soutien précieux des services déconcentrés de l’Etat, notamment de ceux du CADL, du Service des Eaux et Forêt et du District sanitaire de Makacolibantang, aucun soutien financier des collectivités sénégalaises concernées par le projet n’est venu appuyer le projet. Un regret pour l’ensemble des parties engagées dans ce programme. Mais aussi un appel à participer à un projet qui commence juste et qui profitera à l’ensemble de la population de la communauté rurale de Makacolibantang. Et Kalipha de préciser en guise de conclusion : « L’AVED n’est pas une association politique. C’est une association qui travaille pour le bien de la communauté, de toute la communauté, et qui souhaite travailler avec tous ceux qui partagent ces valeurs ».

Par Bruno Sotin / Tambacounda.info /