Tambacounda : dans l’univers des moto-taxis

Elles sont estimées à plus de 400 environs et font partie du décor de la ville de Tambacounda. Elles sont facilement reconnaissables à leurs plaques bleues, sur lesquelles on peut lire VTT « Vélo Taxi Tamba ». A l’origine, le phénomène de taxi moto a démarré avec le projet de l’Association « And Suxali Tamba » dans sa politique d’emplois des jeunes.

Un nouveau moyen de transport de personnes et de marchandises est dorénavant prisé par les populations. Pour les prendre, il suffit d’aller à une place publique, un carrefour où ils attendent des clients. Souvent ils déambulent à la recherche de clients. Il vous suffit de faire un petit signe de main ou de les siffler pour qu’ils viennent vers vous. Pour le reste, vous indiquez votre destination ; le prix de certains quartiers est connu tel que le marché, les collèges, lycées et autres lieux de travail. Pour les coins reculés, vous négociez le prix et s’il vous convient ça y est ! En vogue les moto-taxis ! Elles ont poussé comme des champignons ces derniers jours dans la capitale orientale. Les plus nantis y achètent soit au Mali ou en Guinée Conakry pour mener une activité économique intense, génératrice de revenus et créatrices d’emplois. Ce qui du coup, contribuera à réduire significativement le taux de chômage chez les jeunes et à lutter efficacement contre l’émigration clandestine qui continue de faire des ravages. Car, Tambacounda, terre des grands axes routiers et ferroviaires a beaucoup perdu ses bras valides qui ont perdu la vie en voulant traverser l’océan pour se rendre soit en Espagne soit en Italie. De nos jours, ceux qui ont eu à surmonter les obstacles, tentent vaille que vaille de secourir leurs frères et ses amis restés au bercail. Le chômage chronique auquel sont confrontés les jeunes a poussé beaucoup d’entre eux à se lancer aux « motos-taxis » pour transporter des personnes et des marchandises dans les coins et les recoins les plus éloignés de la ville. Seulement, les difficultés ne manquent pas. Selon Abdoulaye Sangharé, qui exerce ce métier depuis son démarrage il y’a juste un mois « il n’y a pas de sot métier dans la vie, il n’y a que de sottes personnes, le plus important est de ne pas voler. Nos patrons nous exigent de verser journaliérement 3 000 FCFA. Nous avons une famille en charge et des besoins à honorer, nous sommes appelés à serrer la ceinture pour survivre », dit-il. Avant d’ajouter : «  Dans la commune de Tambacounda, le prix est fixé 200 FCFA et nous parviendrons à s’en sortir. Seulement, il y a de ces propriétaires de moto-taxis, a-t-il expliqué qui ne nous comprennent pas, le jour où l’on ne verse pas le coût demandé, ce sont des disputes à n’en plus finir. D’autres camarades sont souvent renvoyés à cause d’un manquant. Les clients victimes de la crise, ne payent que ce qui les arrange. Ce qui fait que nous sommes dés fois obligée d’aller vers les villages environnants mais par la suite ce sont nos engins qui se détériorent à cause de l’état des routes. Il nous arrive aussi de jouer à cache cache avec les forces de sécurité si nous n’avons pas de vignettes, d’assurances ou de carte grise. Nous ne remplissons pas les conditions de conduire des motos parce que ne détenant pas de permis pour l’essentiel, a-t-il déploré. Nous exerçons ce métier pour éviter de sombrer dans la misère matérielle et morale mais nous ne gagnons pas comme il se doit a-t-il fini par avouer. Toujours est-il que les « moto-taxis » à Tambacounda sont devenus des créneaux générateurs de revenus et créateurs d’emplois. Ce n’est plus comme autant où les motos Jakarta n’étaient accessibles qu’aux fonctionnaires de l’Etat, aujourd’hui, elles sont à la portée de tout le monde et les jeunes en profitent pour survivre. Le phénomène est aussi visible à Koumpentoum où les motos de transport en commun sont devenues une nouvelle attraction. Avec sa clientèle et ses détracteurs.

 

Ousseynou Diallo / Tambacounda.info /