Tambacounda : Entretien avec Fatou Jagne Senghore, Directrice régionale d’Article 19 sur la fistule

« Certaines femmes ne savent pas que les soins et les opérations sont gratuits »

Mme Fatou Jagne Senghor est la directrice régionale d’Article 19 au Sénégal. Une organisation indépendante des droits humains qui travaille à travers le monde pour la protection et la promotion de la liberté d’expression. L’organisation tire son nom de l’article 19 de la Déclaration universelle des droits humains qui garantit la liberté d’expression. A Tambacounda pour un atelier de sensibilisation et d’information dans la croisade contre la fistule obstétricale, qui a regroupé plus d’une cinquantaine de participants, la directrice régionale s’est entretenue avec Tambacounda.info…

Pourquoi vous avez décidé de vous impliquer dans la croisade contre la fistule obstétricale?

Notre organisation travaille sur les questions de liberté d’expression et d’accès à l’information. Au Sénégal, nous travaillons pour la promotion d’une loi sur l’accès à l’information. Quand nous avions fait une recherche sur les liens entre l’accès à l’information. Quels sont les sujets les plus pertinents au niveau du pays pour renforcer l’information avec les populations. Nous avions fait une recherche aussi sur la santé. Nous nous sommes rendus compte que dans certaines régions du Sénégal, la fistule existe toujours. C’est une maladie cas meme qui affecte la femme et qui est très handicapante. Donc nous nous sommes dits, vus l’avancement de la science et l’avancement des progrès médicaux, Il est cas meme anormal qu’on continue à laisser des femmes, mourir ou etre isolées par cette maladie alors que si elles sont bien informées avec la gratuité des opérations, elles pourraient etre sauvées et retrouvées leurs vies normales. L’étude nous a montrée que malgré l’existence de ces centres d’opération qui sont cas meme là. Les femmes n’y vont pas, la plupart surtout dans la région de Tambacounda. Nous avons voulu savoir pourquoi elles n’y vont pas ? L’étude nous a montrée que la plupart ne savait meme pas qu’elles étaient fistuleuses. Elles pensaient à autre chose. L’autre jour, elles ne savaient pas que l’opération est gratuite et elles pouvaient etre sauvées. Bon, nous nous sommes dit qu’il y’avait des acteurs qui travaillent déjà sur le terrain, sur le plan technique et autres, les associations qui sensibilisent. Nous, aussi, nous voudrions apporter notre pierre à l’édifice en utilisant accès à l’information qui est un droit fondamental pour essayer aussi de dire aux autres que vous avez droit à l’information. Les soins sont gratuits. Il faut aller et essayer aussi d’encourager les Bajeenu Gox, les autorités administratives et puis la jeunesse en général pour que tout le monde essaye de partager l’information pour que les femmes surtout celles qui sont dans les villages puissent vraiment sortir et avoir accès à ses soins pour qu’on puisse éradiquer cette maladie qui est handicapante comme je l’ai dit tantôt.

Comment comptez-vous palier ce déficit de communication ?

C’est un déficit d’information. Nous avons senti qu’il y a beaucoup d’acteurs qui travaillent sur cette question. Nous, notre rôle, c’est comme je dis, apporter, ou venir avec cet angle d’accès à l’information mais aussi ça permettra aux uns et aux autres de savoir ce que font les différents partenaires. Une fois qu’il y ait des synergies, ça permettra aussi à chacun de pouvoir diffuser l’information. Donc si l’information est connue, déjà tout le monde en bénéficie. Nous avions travaillé avec les médias, et surtout celles communautaires. Nous espérons que les médias en général vont d’avantage diffuser l’information. Le fait de travailler avec les autorités administratives, la région médicale et les autres associations notamment le programme des Nations Unies pour la population et le Gadec. Toutes ces institutions qui travaillent de façon assez assidue sur cette question, pourraient d’avantage gagner en utilisant le droit à l’information pour le renforcement.

Est-ce qu’il y a un dispositif de suivi par rapport à tout cela ?

Tout à l’heure, on n’en parlait. Nous sommes venus et nous avions fait la recherche. Nous sommes venus ici pour essayer de comparaitre ce que nous avions fait sur le plan théorique par rapport à la réalité sur le terrain. Et après cela, nous avions noté qu’il y a un certain déficit. Les gens ne connaissent pas. Nous sommes entrain de faire un atelier de renforcement des capacités de certains acteurs, notamment les Bajeenu Gox, la jeunesse et autres acteurs pour que ces derniers puissent etre les relais. Vous, les journalistes et autres acteurs voulez encore etre des relais. La troisième phase : c’est d’aller maintenant avec les relais vers les communautés les plus affectées pour pouvoir aussi percer en fait un peu dans les différentes localités les plus déminées. Nous nous sommes dits, Il fallait d’abord poser les jalons au niveau institutionnel, poser les jalons aussi au niveau de la commune et voir comme c’est là où le centre médical est équipé pour qu’on puisse commencer à dire qu’une fois qu’on forme ces gens, il pourrait etre des relais pour aller vers les communautés. Nous avions visité certains villages et nous comptons y retourner avec le soutien aussi de tous les acteurs que nous avions rencontrés et avec qui nous avions commencé à travailler déjà sur le terrain.

 

Propos recueillis par Assane Diallo / Tambacounda.info /