Une intervention militaire contre le régime syrien se précise

Les contours d’une frappe militaire brève et limitée contre le régime syrien se dessinent. La Syrie a prévenu qu’elle avait les moyens de se défendre. Les Etats-Unis et leurs alliés semblent de plus en plus déterminés à lancer une frappe contre le régime syrien, accusé d’être à l’origine d’une attaque chimique près de Damas. L’ONU a annoncé le report d’une visite de sa mission d’enquête «pour raison de sécurité».

Alors que les capitales occidentales ont multiplié les contacts au plus haut niveau ces derniers jours, le président américain Barack Obama étudie une attaque contre la Syrie qui serait brève et de portée limitée, a estimé la presse américaine mardi. Une telle opération ne durerait probablement pas plus de deux jours et permettrait aux Etats-Unis d’éviter une implication plus grande dans la guerre civile qui déchire la Syrie depuis mars 2011, avançait le Washington Post, citant des responsables non identifiés de l’administration américaine. Le New York Times estimait lui aussi que M. Obama, qui réfléchit encore à l’option militaire, donnerait probablement l’ordre d’une opération limitée, tels que des tirs de missiles de croisière depuis des bâtiments américains en Méditerranée, sans chercher à renverser le président Bachar al-Assad.

La Syrie se défendra en cas d’attaque

Lors d’une conférence de presse, le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem a rétorqué que son pays se défendrait en cas de frappe militaire et agité l’épouvantail islamiste. «Nous avons deux options: soit nous rendre, soit nous défendre avec les moyens dont nous disposons. Le seconde alternative est la meilleure: nous nous défendrons», a-t-il affirmé. «S’en prendre à la Syrie n’est pas une mince affaire. Nous avons des moyens de défense qui vont surprendre», a-t-il avertit. Selon lui, une intervention militaire «servira les intérêts d’Israël et en deuxième lieu, du Front al-Nosra», groupe armé combattant avec les rebelles syriens et qui a prêté allégeance à Al-Qaïda. Mettant ceux qui veulent frapper la Syrie «au défi de montrer ce qu’ils ont comme preuves» concernant un éventuel usage d’armes chimiques par le régime, il a par ailleurs prévenu qu’une telle attaque n’affecterait pas la campagne militaire menée depuis deux ans par Damas contre les rebelles.

Plans en préparation

Réaffirmant mardi que les attaques chimiques sont «absolument et totalement odieuses», le Premier ministre britannique David Cameron a estimé qu’elles exigent une réaction de la communauté internationale, a déclaré son porte-parole. Londres, a-t-il ajouté, examine une «réponse proportionnée». Le Royaume-Uni prépare des plans pour une possible action militaire. David Cameron a annoncé mardi sur Twitter qu’il convoquait le Parlement jeudi, pour un vote «sur la réponse du Royaume-Uni aux attaques à l’arme chimique» en Syrie. «Le président de la Chambre des Communes approuve ma demande de rappeler le Parlement jeudi. Il y aura une motion claire du gouvernement et un vote sur la réponse du Royaume-Uni aux attaques à l’arme chimique en Syrie», a indiqué le chef du gouvernement britannique. Le chef de la diplomatie britannique William Hague avait estimé lundi qu’il était «possible» de répondre à l’usage d’armes chimiques sans l’aval du Conseil de sécurité de l’ONU, pour des motifs de «détresse humanitaire». Le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu est allé plus loin en affirmant que l’attaque chimique commise la semaine dernière près de Damas constituait un «crime contre l’humanité» qui ne peut rester impuni. «Ce qui doit être fait doit être fait», a-t-il lancé devant la presse.

Se souvenir du précédent irakien

Mais, Moscou et Pékin, principaux alliés de la Syrie, ont appelé la communauté internationale à la «prudence». «Les tentatives visant à contourner le Conseil de sécurité, de créer une fois de plus des prétextes artificiels et infondés pour une intervention militaire dans la région (…) auront des conséquences catastrophiques» pour la région, a averti le ministère russe des Affaires étrangères. Moscou a également regretté le report par Washington d’une réunion bilatérale qui devait notamment porter sur l’organisation d’une conférence de paix internationale sur la Syrie. A Pékin, l’agence officielle Chine nouvelle a elle averti qu’une intervention militaire serait dangereuse et irresponsable. Elle a invité la communauté internationale à se souvenir du précédent des soi-disant armes de destruction massive de Saddam Hussein.

Enquête suspendue

L’ONU a confirmé avoir reporté une visite de sa mission d’enquête sur les armes chimiques en Syrie, prévue mardi près de Damas, en raison de «craintes» pour la sécurité de ses personnels. «Un examen complet de la situation a conduit à reporter la visite d’une journée afin d’améliorer la préparation et la sécurité de l’équipe», a déclaré un porte-parole des Nations unies, Farhan Haq, confirmant une information avancée plus tôt dans la journée par le régime syrien. Lundi, les inspecteurs de l’ONU avaient été pris pour cible par un sniper.

 

(ats/afp/Newsnet)