Venezuela Caracas envoie des parachutistes pour contenir les étudiants

Caracas a ordonné jeudi l’envoi d’un bataillon de parachutistes à San Cristobal (ouest), l’un des centres de la protestation étudiante.

Dans le même temps, le président Nicolas Maduro a menacé de bloquer la diffusion de CNN. Ce bataillon de parachutistes sera chargé d’assurer le contrôle des accès à San Cristobal, capitale de l’Etat de Tachira, a annoncé le ministre de l’Intérieur, Miguel Rodriguez. Depuis début février, le Venezuela est le théâtre de manifestations étudiantes appuyées par l’opposition entamées en province sur le thème de l’insécurité et du coût de la vie. Ces rassemblements sont régulièrement suivis d’incidents violents en soirée. On dénombre quatre morts depuis le début de cette mobilisation, dont certains dirigeants radicaux de l’opposition espèrent profiter pour faire tomber le président Maduro, élu de justesse à la tête du pays en avril, dans la foulée du décès de son mentor, le socialiste Hugo Chavez.

Détention provisoire

Le fondateur du parti Voluntad Popular (droite), Leopoldo Lopez, 42 ans, l’un des fers de lance de la mobilisation recherché par la police après une manifestation ayant fait trois mort le 12 février et qui s’était rendu mardi, a finalement échappé à des poursuites pour homicide, comme l’avait menacé le président Maduro. Détenu dans une prison militaire des environs de Caracas, il s’est vu accusé «d’incendie volontaire, d’incitation à la violence, de dommages sur des biens publics et d’association de malfaiteurs», selon un communiqué du Tribunal suprême de Justice, jeudi. Placé en détention provisoire, il pourrait y rester 45 jours, le temps d’organiser son procès, selon un de ses avocats.

«Fleurs blanches»

 Parallèlement, les organisations étudiantes mobilisées ont appelé dans un communiqué «la société civile vénézuélienne à répondre à la violence avec des fleurs blanches». Dans le quartier de Chacao, l’un des bastions des opposants, qui avait connu trois nuits de calme relatif, des centaines de manifestants ont à nouveau bloqué des rues, allumant des foyers alimentés par des poubelles et des gravats. La police a répondu avec des canons à eau, des gaz lacrymogènes et des tirs de plomb alors que des hommes armés à moto ont commencé à ouvrir le feu, ont constaté des journalistes de l’AFP. Nicolas Maduro, qui qualifie ces événements de tentative de coup d’Etat, a averti qu’il n’hésiterait pas si nécessaire à déclarer l’Etat d’exception dans l’Etat de Tachira dont la capitale San Cristobal, dirigée par l’opposition, a vu naître la contestation, après la tentative de viol d’une étudiante sur le campus universitaire.

Menaces concernant CNN

 La crise politique a dérivé sur le terrain diplomatique, mettant une fois encore aux prises Caracas et Washington. Dernier incident en date, le président américain Barack Obama a dénoncé mercredi les «violences inacceptables» au Venezuela, s’attirant jeudi du gouvernement Maduro de nouvelles accusations d’«ingérence». La menace brandie par Nicolas Maduro de bloquer la diffusion de CNN ne devrait pas calmer les relations déjà tendues entre les deux pays. Le président accuse la chaîne d’information américaine de chercher à montrer que le pays se trouve en état de «guerre civile». «Il faut cesser cette propagande de guerre», a-t-il affirmé.

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