Crise Le Parlement ukrainien vote la libération de Timochenko

 

Alors que le président Viktor Ianoukovitch a quitté la capitale, le Parlement a voté la libération de l’opposante emprisonnée Ioulia Timochenko et nommé deux de ses proches à des postes clés. Les signes de fin de règne se multipliaient en Ukraine samedi, où l’opposition a appelé le Parlement à lancer une procédure de destitution du président Viktor Ianoukovitch, qui a quitté Kiev pour l’est du pays. Les défections s’enchaînaient samedi matin dans le camp du président au lendemain de la signature d’un accord entre l’opposition et le président prévoyant d’importantes concessions de la part de ce dernier sous pression des Européens, après le bain de sang dans le centre de Kiev qui a coûté la vie à près de 80 personnes en trois jours.

Le président du Parlement et proche de Viktor Ianoukovitch, Volodymyr Rybak, a annoncé sa démission samedi, et une quarantaire de députés ont claqué la porte de son Parti des régions. Peu après, Oleksander Tourchinov a été élu samedi président du Parlement par 288 voix sur 450. Il s’agit d’un proche allié de Ioulia Timochenko, ancienne chef du gouvernement ukrainien, condamnée en 2011 à sept ans de prison pour abus de pouvoir. Dans la matinée, le ministère de l’Intérieur s’est dit favorable à «un changement rapide». Sur son site Internet, il a demandé aux citoyens de s’unir pour protéger la sécurité et établir un «pays européen indépendant, démocratique et juste».

Viktor Ianoukovitch quitte la capitale
Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch se trouve actuellement à Kharkiv, ville de l’est de l’Ukraine, a affirmé samedi sa conseillère Ganna German, au moment où son pouvoir semble vaciller à Kiev. «Le président remplit ses fonctions constitutionnelles(…) Il va s’exprimer aujourd’hui à la télévision à Kharkiv»

Résidence inoccupée
Corroborant la thèse d’une fuite possible du président, des journalistes de la télévision Kanal 5 ont raconté samedi matin avoir pénétré sans difficulté dans la résidence du président. Celle-ci est placée d’habitude sous très haute protection, dans la banlieue de Kiev. Par ailleurs, des manifestants ont pénétré dans l’enceinte de la présidence, dans le centre de la capitale. Aucun policier ni soldat n’était en vue.

Présidentielle exigée
Au Parlement aussi, la situation évoluait rapidement. «Nous exigeons une présidentielle anticipée d’ici au 25 mai», a lancé Vitali Klitschko dans une ambiance électrique à la Rada. «Nous devons fixer (la date) ici» au Parlement, a-t-il insisté. «Le Parlement doit adopter une résolution exigeant que Ianoukovitch donne sa démission», a-t-il dit.

Infirmerie de fortune
Sur le Maïdan (place de l’Indépendance), transformée en quasi-zone de guerre, au coeur de Kiev, depuis le début de la crise il y a trois mois, des milliers de personnes étaient toujours rassemblées dans la matinée de samedi. Nul signe de démontage des installations n’était visible. Dans le lobby de l’hôtel Ukraina, qui surplombe la place, l’infirmerie de fortune mise en place au cours de la semaine était toujours en place.

Pression des Européens
L’accord avait été signé vendredi soir sous la pression des Européens. Il prévoit une élection présidentielle anticipée, au plus tard en décembre, la formation d’un gouvernement de coalition d’ici à dix jours et un retour à la Constitution de 2004, voté dans la foulée par le Parlement ukrainien. La Rada (Parlement) a également voté une loi ouvrant théoriquement la voie à la libération de l’opposante et ex-Première ministre Ioulia Timochenko. L’ancienne égérie de la Révolution orange pro-occidentale en 2004 avait été condamnée en 2011 à sept ans de prison pour abus de pouvoir.

Au bord de la faillite
L’Ukraine se trouve actuellement au bord de la faillite. La Russie a promis l’octroi d’un crédit de 15 milliards de dollars et un important rabais du prix du gaz. Européens et Américains avaient fait monter la pression sur le régime de M. Ianoukovitch tout au long de la semaine en décidant de priver de visas et de geler les avoirs de responsables ukrainiens et en menaçant de sanctions supplémentaires.