Moustapha Kassé, professeur d’Economie : « C’est très courant que les bailleurs renoncent à leurs engagements »

Les milliards que Macky Sall a pu décrocher des bailleurs de fond ne sont pas encore des crédits. L’éclairage est du professeur d’Economie, Moustapha Kassé. « Le pouvoir public doit communiquer et expliquer exactement les significations de cela. Si les gens décident d’investir directement, c’est parce qu’il y a une rentabilité. Si ce n’est pas rentable, les gens ne viendront pas mettre leur argent pour ensuite faire faillite.

Maintenant, on se demande si tout cela ne va pas augmenter la dette du Sénégal, mais ma position en matière d’endettement depuis toujours est que, dès que nous avons des projets qui sont bancables, qui sont rentables, capables de rembourser les échéanciers, la dette n’est pas tellement un frein. Ce qu’il faut, c’est que la gestion de ces crédits soit suffisamment adéquate. C’est pourquoi il y a certaines conditionnalités que l’on pose déjà, comme la bonne gouvernance, l’utilisation rationnelle des ressources qui seront mises à notre disposition… “.

D’ailleurs, il explique que c’est très courant que certains bailleurs renoncent à leurs engagements. Dans ce cas, précisent-il, ce n’est pas un renoncement, « c’est parce qu’ils n’ont pas vu tous les effets attendus pour la rentabilité de leurs investissements ». Selon lui, ce qui s’est passé au Groupe consultatif de Paris, ce n’est pas un engagement définitif. « C’est une manifestation de volonté. C’est à nous de créer les conditions de confiance pour que les investissements puissent arriver. Il y a encore beaucoup de travail à faire, énormément même. Il faut reficeler les projets. Il faut les loger quelque part et il faut les gérer et être extrêmement attentif. Il arrivera un moment où un bailleur peut trouver ailleurs les conditions de rentabilité meilleure, il ira là-bas. Il ne faut pas se faire d’illusions. La mobilité des capitaux dépend de certaines conditions. Mais il n’y a pas un engagement fixe et définitif qui oblige le bailleur à s’exécuter », fait-il remarquer.