[Entretien] Ousmane Cissé, directeur des Mines et de la Géologie « le Sénégal percevra 411 millions de dollars dans les opérations minières à l’horizon 2017 »

Le climat social est apaisé dans la région de Kédougou où les politiques mises en œuvre en termes de gestion du secteur de l’industrie minière commencent à porter leurs fruits avec notamment l’implication des populations dans le processus de prise de décision. Les opportunités économiques offertes aux communautés et à l’État par les opérations minières sont inestimables en termes de bien et services et d’emploi.

Tambacounda.info: De moins en moins l’on entend des complaintes venant des populations de Kédougou concernant l’industrie minière, qu’est ce qui explique cela ?

Ousmane Cissé : La première lecture faite concernant cette situation est de constater qu’en réalité la concertation, le dialogue et la diffusion de l’information sont capitales quant à la gestion du secteur des mines. La plupart des préoccupations des populations étaient d’abord relatives à l’accès à l’information afin de mieux connaître l’industrie minière, particulièrement la question relevant du programme social minier, les investissements à faire et la problématique de l’emploi. Sur toutes ces questions, au fur et à mesure que nous avançons dans la gestion du secteur, nous avons eu à partager ces informations avec les populations, à leur faire connaître les différents enjeux, à nous imprégner de leurs attentes par rapports à ces activités, mais aussi à les mettre au parfum de ce qu’il est possible de réaliser. Toutes ces informations étant réunies et appréciées par les populations, elles mêmes ont eu à constater qu’en effet le décalage qui existe entre leurs attentes et les possibilités offertes par l’industrie minière peut trouver une satisfaction ailleurs que dans ce secteur. C’est en s’appropriant ces informations et en étant au centre des décisions quand il s’agit de l’emploi et du recrutement que nous sommes aujourd’hui arrivés à une situation paisible dans la région de Kédougou qui a été bien appréciée par les différents acteurs, et nous pensons que cela se renforcera si nous continuons à associer les populations dans la prise de décision, la définition des priorités en matière d’investissements à caractère social, communautaire et en les impliquant également dans la formation pour que les jeunes de la région et du pays puissent accéder à l’emploi dans le domaine des opérations minières. C’est l’ensemble de ces facteurs qui ont concouru à cet environnement social apaisé.

Toutefois, il est à constater que des inquiétudes ont été soulevées par rapport à l’orpaillage, non pas du point de vue de l’activité mais, du point de vue des impacts négatifs sur la santé, l’environnement et la sécurité et à ce niveau précis, le ministère des mines, en rapport avec les différents départements ministériels concernés, prendra des mesures appropriées, et dans les meilleurs délais, pour assainir le secteur et en arriver à une situation acceptable et bénéfique pour les communautés directement impactées et pour le pays.

Tambacounda.info: Peut-on avoir une idée des opportunités économiques offertes aux populations par les opérations minières ?

Ousmane Cissé : Je pense que les populations doivent anticiper sur les changements qui vont intervenir dans le secteur des mines. Il est vrai que nous avons aujourd’hui un seul projet or en exploitation, mais nous aurons trois à quatre projets majeurs qui vont émerger d’ici 2017. Cela va générer environs 4000 emplois directs. Si vous vous y ajoutez le projet de fer de la Falémé, nous tournerons autour de 15 000 emplois directs et avec l’effet multiplicateur de 3, nous avoisinerons les 45 000 emplois indirects. Il faut également voir ces opportunités sous le prisme de la fourniture de biens et services. La région de Kédougou devrait en profiter. Et c’est pourquoi, au niveau des instituts de formation, dans le cadre de l’entrepreneuriat féminin et celui des jeunes, les populations doivent commencer à se positionner par rapport à ces importantes opportunités. Nous avons eu à constater sur la période 2009-2012, sur les investissements qui ont été réalisés dans le secteur des mines oscillant autour de 700 milliards de nos francs, environs 140 milliards ont été captés par l’entrepreneuriat local donc 30% environs. Nous pouvons faire bien mieux en anticipant. C’est des investissements de l’ordre de 3000 milliards de nos francs qui vont être effectués sur cette période et nous pensons que les jeunes, les entrepreneurs ou les hommes d’affaire du Sénégal, de la région de Kédougou peuvent anticiper ce développement futur en créant des Pme et Pmi qui peuvent offrir des biens et des service à l’industrie.

Tambacounda.info: Qu’est ce que le Sénégal gagne dans tout cela ?

Ousmane Cissé : Déjà la renégociation avec la seule entreprise qui exploite l’or de Sabodala a permis à l’État de faire des avancées significatives. Sur la période 2009-2011, les redevances perçues cumulées auprès de la société de Sabodala sont de l’ordre de 7 milliards de nos francs. Avec le nouveau régime et la renégociation de la convention minière, rien que pour l’année 2012, l’État a perçu 5 milliards de nos francs et dans la période 2013-2017, c’est environs 411 millions de dollars qui vont être perçus par l’État du Sénégal dans ce projet. Donc ce sont des pas de géant qui montrent que de plus en plus la puissance publique tire des revenus au niveau des sociétés d’exploitation minière et il en sera ainsi pour l’ensemble des projets. Nous pensons que globalement, l’industrie minière, qui fait partie des 6 priorités du Plan Sénégal Émergent, est un des moteurs de croissance attendu du Pse. Nous allons contribuer significativement, avec l’exploitation du fer de la Falémé tout comme avec l’augmentation de la production d’or aujourd’hui qui est de 5 tonnes par an à 18 tonnes par an, à l’augmentation des revenus, rien que dans la région de Kédougou. Si nous prenons en charge l’ensemble des opérations minières sur le Sénégal, c’est l’industrie du phosphate qui va augmenter son niveau de production et donc en arriver à 2 millions de tonnes par an et il en sera ainsi au niveau des autres projets industriels, ce qui nous permettrait de faire avancer le secteur des mines et de contribuer significativement au développement économique et social du Sénégal.

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