Fête du travail A Istanbul et Phnom Penh, le 1er Mai vire à l’affrontement

A Istanbul, la police a dispersé en début de matinée à coup de canon à eau et de gaz lacrymogènes des centaines de manifestants qui tentaient de défier l’interdiction de se rassembler sur la Place Taksim, place emblématique de la contestation contre le gouvernement turc.

L’an dernier, de violentes échauffourées avaient déjà opposé la police aux manifestants autour de cette place, lançant un vaste mouvement de contestation contre le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan, accusé de dérive autoritaire et islamiste.

Trafic paralysé en Turquie

Pour faire face aux foules de manifestants attendues cette année de chaque côté du Bosphore, les autorités turques ont bloqué les routes, suspendu les services de ferry et fermé les stations de métro.Les célébrations du 1er mai ont aussi été perturbées au Cambodge où les syndicats avaient appelé à manifester pour soutenir des ouvriers du textile en grève dans deux zones économiques spéciales près de la frontière avec le Vietnam.

La plupart des travailleurs de ce secteur vital pour l’économie cambodgienne, qui emploie 650’000 personnes, gagnent moins de 100 dollars par mois.

La police armée de matraques et de bâtons a dispersé les manifestants rassemblés aux abords du Parc de la liberté à Phnom Penh, fermé pour en empêcher l’accès aux opposants au premier ministre Hun Sen, au pouvoir depuis 30 ans. Plusieurs personnes ont été sévèrement battues, a constaté un photographe de l’AFP.

A Kuala Lumpur, des milliers de personnes ont défilé pour protester contre un projet de nouvelle taxe mais aussi contre la condamnation en appel du dirigeant de l’opposition malaisienne Anwar Ibrahim, accusé de sodomie et acquitté en 2012.

D’autres manifestations ont également eu lieu en Indonésie, aux Philippines mais aussi dans les économies parmi les plus développées d’Asie, à Hong Kong, Singapour, Séoul ou encore Taïwan, où plus de 10’000 personnes ont défilé à Taipei pour exiger des hausses de salaires.

La Place Rouge noire de monde

A Moscou, pour la première fois depuis 1991, environ 100’000 personnes ont défilé sur la Place Rouge, renouant avec une tradition datant de l’Union soviétique en pleine vague de patriotisme en Russie exacerbée par la crise ukrainienne.

«Je suis fier de mon pays», «Poutine a raison» indiquaient les pancartes brandies au milieu de nombreux drapeaux russes et de ballons blancs, bleus et rouges aux couleurs du drapeau national, a constaté une journaliste de l’AFP.

Plusieurs pancartes et discours de représentants syndicaux célébraient le rattachement de la Crimée en mars à la Russie, après un référendum dénoncé comme illégal par Kiev et la communauté internationale.

Selon le leader de la Fédération des syndicats de Russie, Mikhaïl Chmakov, cité par l’agence Interfax, plus de deux millions de personnes ont participé aux défilés organisés à travers toute la Russie pour célébrer la «journée internationale des travailleurs», qui tire son origine des luttes ouvrières pour la réduction du temps de travail à la fin du 19e siècle aux Etats-Unis.

Défilés en Europe sous le signe de l’austérité En Europe, où de nombreux pays restent confrontés aux conséquences sociales des politiques d’austérité, les défilés devraient prendre un tour politique à moins d’un mois des élections européennes. En France, les syndicats célèbreront une nouvelle fois le 1er mai en ordre dispersé, consacrant ainsi leurs divisions face au plan d’économie de 50 milliards d’euros annoncé par le Premier ministre Manuel Valls.

A Paris, le parti d’extrême droite Front national, qui défile traditionnellement le 1er mai pour célébrer Jeanne d’Arc, espère une «démonstration de force» alors que les sondages le créditent de 20 à 25% des intentions de vote à un peu plus de trois semaines de l’élection du Parlement européen.

L’Espagne, qui sort timidement du marasme économique et reste minée par un chômage record, descendra également dans la rue avec des manifestations à Madrid et dans plus de 70 villes.Défilés également en Grèce et en Italie où le jeune chef du gouvernement, Matteo Renzi, a fait vœux de redonner la confiance aux Italiens qui sortent tout juste de plus de deux années de récession.

(afp/Newsnet)