Crise ukranienne: Washington appelle Moscou et Kiev à «restaurer l’ordre»

«La violence et le désordre ayant conduit à tant de morts et de blessures absurdes sont inacceptables», a déclaré Marie Harf, une des porte-parole du département d’Etat américain dans un communiqué, en réaction au sinistre qui s’est produit dans cette ville portuaire du sud de l’Ukraine.

L’Ukraine a lancé vendredi une opération militaire sur le bastion séparatiste pro-russe de Slaviansk, perdant au moins quatre soldats dans des violences qui ont fait neuf tués et s’attirant une réponse menaçante de la Russie, qui en a appelé à l’ONU.

Quelques heures plus tard, 31 personnes ont péri dans un incendie dans un immeuble à Odessa (sud de l’Ukraine) à la suite d’affrontements qui ont opposé vendredi des partisans de l’unité de l’Ukraine et des militants pro-russes, a annoncé le ministère de l’Intérieur.

Le ministère a revu à la baisse son précédent bilan de 38 morts. Les victimes sont mortes des suites d’une intoxication à l’oxyde de carbone ou en sautant par la fenêtre.

«Cinquante personnes dont 10 policiers ont dû recevoir des soins», souligne le ministère qui avait auparavant indiqué que l’incendie «d’origine criminelle» s’était déclaré dans la Maison des Syndicats. Le ministère n’a fourni aucun autre détail sur les circonstances du sinistre.

Libérations exigées

Plus tôt dans la journeée, l’Ukraine a lancé une opération militaire sur le bastion séparatiste pro-russe de Slaviansk. Lancée aux petites heures de la matinée (2h30 en Suisse) à Slaviansk et Kramatorsk, elle s’est dans la journée figée en un face-à-face. «Les criminels ont essuyé de lourdes pertes : beaucoup de morts et de blessés, de nombreux prisonniers. “, a déclaré le président ukrainien par intérim Olexandre Tourtchinov.

Selon le ministère de l’Intérieur, l’armée a pris le contrôle de neuf barrages qui étaient auparavant aux mains des rebelles. Dans les villages autour de Slaviansk, les militaires ukrainiens ont parfois été accueillis avec hostilité par la population locale qui leur a crié de «rentrer chez eux» et a tenté de bloquer les routes à leurs blindés.

Les autorités ukrainiennes exigent des «terroristes» pro-russes qu’ils «libèrent les otages, déposent leurs armes et quittent les bâtiments», a déclaré le ministre ukrainien de l’Intérieur, Arsen Avakov.

Accord de Genève en question

La Russie, que Kiev et l’Occident accusent de téléguider le mouvement pro-russe, a vivement réagi à l’annonce de l’opération militaire, qu’elle a qualifiée de «raid de représailles» et de «coup de grâce à l’accord de Genève» péniblement conclu à la mi-avril entre Moscou, Kiev et les Occidentaux.

«Le recours à la force dans le Sud-Est de l’Ukraine est un signe d’impuissance criminelle de la part des autorités de facto de Kiev», s’est indigné le Premier ministre russe Dmitri Medvedev sur sa page Facebook. «Les autorités (…) doivent revenir à la raison et mettre fin au meurtre de leurs propres citoyens. Sinon, le pays pourra connaître un bien triste destin», a-t-il ajouté.

Réunion du Conseil de sécurité

La Russie a réclamé une réunion du Conseil de sécurité, qui devait se tenir à partir de midi heure locale (17 heures en Suisse), a annoncé l’ONU. Elle a motivé sa demande par «la grave escalade de la violence dans l’est de l’Ukraine», selon ses diplomates.

La Russie a parallèlement accru sa pression sur Kiev en signalant au cours d’une réunion à Varsovie qu’elle pourrait réduire ses livraisons de gaz à l’Ukraine faute de prépaiement d’ici à la fin mai.

Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a pour sa part reporté un entretien téléphonique prévu vendredi avec son homologue russe Sergueï Lavrov, au cours duquel le chef de la diplomatie russe souhaitait aborder la situation en Ukraine, a indiqué une source diplomatique russe, dénonçant une attitude «irresponsable».

Selon cette source, citée par les agences de presse russes, la conversation devait porter sur la Syrie, mais la diplomatie russe avait demandé d’inscrire à l’ordre du jour la situation en Ukraine. «Washington a aussitôt ajourné l’entretien téléphonique», au moins jusqu’à samedi, selon cette source.

Barack Obama a lui appelé la Russie à contribuer à la libération des observateurs de pays membres de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) détenus à Slaviansk, dans l’est de l’Ukraine, par des séparatistes pro-russes.

Les négociations pour obtenir la libération des 11 hommes (sept étrangers et quatre Ukrainiens) se trouvent dans «une phase très sensible», a averti vendredi à Berne le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier.

Il a été convenu d’organiser et de coordonner divers contacts au plus haut niveau, a pour sa part déclaré devant les médias Didier Burkhalter, président en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). (ats/Newsnet)