Paris: L’autre version sur le viol au 36, quai des Orfèvres

«Encline à avoir des relations sexuelles facilement avec des inconnus»: voilà comment est décrite la touriste canadienne qui accuse quatre hommes de la police judiciaire de l’avoir violée le 23 avril dernier à Paris. Ces mots ont été tenus par l’avocat canadien qui l’accompagnait alors en voyage.

Le Journal du Dimanche (JDD) s’est procuré le procès-verbal d’enquête de flagrance de l’affaire qui secoue le 36, quai des Orfèvres. On apprend dans le document de six pages que la jeune femme était décrite comme «avenante».

La touriste de 34 ans a rencontré les hommes de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) dans un pub irlandais où l’équipe a ses habitudes. Selon les propos d’employés du bar, elle aurait, au cours de cette soirée arrosée, embrassé des policiers sur la bouche. Puis elle aurait, selon le PV, accepté de suivre deux agents dans les locaux de la BRI.

Visites nocturnes habituelles

Vers 1h30, un gardien de la paix présent dans le bâtiment déclare avoir entendu «des cris de jouissance aigus» mais ne pas s’être inquiété. «Ce ne serait pas la première fois que des flics de l’Antigang amènent des conquêtes dans les bureaux», commente le JDD.

Moins d’une heure plus tard, la plaignante ressort à moitié dévêtue et en pleurs. Visiblement sous le choc, elle affirme à un agent en faction avoir été abusée sexuellement par quatre hommes. Elle a réitéré ses propos lorsqu’elle a déposé plainte: un premier policier lui aurait fait boire du whisky dans un bureau où elle aurait été contrainte de lui «faire une fellation». Deux autres agents les auraient rejoints et auraient abusé d’elle. Puis, déshabillée, elle affirme avoir été amenée dans un autre bureau pour être violée par un quatrième homme.

Pour les experts médicaux, les scènes de violence décrites seraient compatibles avec les griffures et les ecchymoses constatées sur son corps. Une analyse toxicologique effectuée peu après a révélé un taux d’alcoolémie de 0,76 mg par litre ainsi que des traces de benzodiazépine et de cannabis.

Version divergentes

Que s’est-il exactement passé cette nuit là dans les locaux de l’emblématique «36»? Les policiers contestent le récit de la touriste. L’un des accusés reconnaît une fellation «consentie». Deux autres nient avoir eu des rapports sexuels avec la plaignante et affirment qu’elle se serait «promenée pieds et seins nus dans les bureaux, dansant devant un ventilateur».

Au total, quatre policiers ont été placés en garde à vue. L’un d’eux a été libéré sans qu’aucune charge ne soit retenue. Deux hommes ont été mis en examen pour viol en réunion et placés sous contrôle judiciaire, tandis qu’un troisième a été entendu sous le statut de témoin assisté par le juge d’instruction. Tous trois ont été suspendus. La plaignante, rentrée au Canada, n’a pas été confrontée aux policiers pour l’heure.

(Newsnet)