Bilan: La presse ne croit plus aux «prophéties» de Hollande

Au moment du dresser un bilan des deux premières années du quinquennat, nombre d’éditorialistes ne croit plus aux «prophéties» de François Hollande, même si certains reconnaissent une certaine injustice envers lui dans l’opinion.

Dans Le Figaro, Jacques-Olivier Martin, estime que «les prophéties de notre bon docteur Coué ont tendance à se fracasser contre le mur de la réalité. Pendant toute l’année 2013, il a promis aux Français l’inversion de la courbe du chômage. On connaît la suite.» «Quels quel soient les indicateurs économiques, c’est la crédibilité du locataire de l’Elysée qui s’est envolée en même temps que la prophétie hasardeuse du Ravi de la crèche», assène Philippe Waucampt (Le Républicain lorrain).

François Ernenwein de La Croix pense que «ce qui manque aujourd’hui pour que le raisonnement du chef de l’État s’impose, c’est un socle de confiance qui ne se décrète pas. La morosité domine. Le bilan des deux premières années du quinquennat a instillé des doutes chez les Français. Un «retournement de conjoncture, s’il se produit, ne suffira pas à créer, à lui seul, un nouvel élan.»

Confiance en l’avenir

Eric Decouty dans Libération garde un peu d’optimisme et croit qu’«il n’est pas encore dit que ces années ratées gâcheront tout son mandat.» Même s’il reste réservé sur l’avenir: «Plus que de stratèges en communication, c’est d’une cohérence et d’une capacité de décision dont le Président a besoin.»

De son côté, dans L’Humanité Maud Vergnol ne digère pas que «le candidat du Bourget assume désormais de faire payer la crise aux plus pauvres, à ceux qui vivent avec moins de 500 euros par mois.»

«Il ne suffit pas de prophétiser un retournement pour qu’il s’auto-réalise : on a vu ce qu’il en a été avec la courbe du chômage !», remarque Michel Urvoy de Ouest-France qui croit que «faute d’avoir combattu l’évasion fiscale, qui se chiffre en dizaines de milliards, faute d’avoir bataillé pour trouver des réponses budgétaires et fiscales européennes, faute de réformes de structure, le pacte de stabilité risque d’être insuffisant.»

Impopularité au sommet

«Il reste le locataire de l’Élysée le plus impopulaire de la Ve République, comme Manuel Valls se révèle le Premier ministre le plus populaire. Et ceci, pour l’instant, sans raison objective», constate Alain Dusart dans L’Est Républicain.

Alors qu’Hubert Coudurier du Télégramme, reconnait qu’il «y a une certaine injustice à demander au Président de solder, en deux ans, trente années d’endettement incontrôlé.»(…) «Il n’empêche, offensif en politique étrangère, Hollande apparaît timoré en politique intérieure, faute de gesticuler comme Sarkozy. Lequel avait augmenté les impôts tout autant que lui, mais, à l’époque, le pouvoir d’achat n’avait pas encore baissé», ajoute-t-il.

«Le risque, le vrai, est que de plus en plus de Français jugent que la machine tourne à vide. Qu’ils en concluent que, pas plus que Nicolas Sarkozy, François Hollande n’a le pouvoir de changer les choses», s’inquiète Jacques Fortier (Les Dernières Nouvelles d’Alsace).

«L’optimisme du président normal le fait ressembler à ses compatriotes qui jouent au Loto. Ils confient leur avenir à la magie des boules du hasard», s’amuse Raymond Couraud dans L’Alsace. « Au moment de ce bilan d’étape, le temps doit sembler bien long à François Hollande. Putain, encore trois ans !», conclut Philippe Reinhard dans L’Eclair des Pyrénées.

(afp/Newsnet)