France: Ce qu’il faut retenir de l’intervention de Hollande

Invité mardi sur RMC et BFM TV, François Hollande a parlé de ses «regrets» et promis un «retournement» économique à même d’engranger les résultats de sa politique et de récompenser les Français de leurs «efforts».

Une heure durant, le président de la République a été malmené par le journaliste Jean-Jacques Bourdin qui l’interrogeait et des auditeurs intervenant en direct. Il a récusé l’accusation d’«amateurisme» lancé à son encontre et demandé à être jugé sur ses résultats.

«Amateurisme quand il s’est agi de sortir de la crise de la zone euro? Amateurisme quand il s’est agi d’intervenir au Mali quand personne ne le faisait et que le terrorisme était en train de gagner la partie? Amateurisme quand il s’est agi d’aller en Centrafrique pour éviter un génocide? Amateurisme sur la crise syrienne quand j’ai été le seul chef d’Etat occidental à dire ‘Attention, ce qu’on est en train de laisser faire, c’est un massacre’? Je préfère prendre mes responsabilités et être jugé sur mes résultats», a-t-il dit.

Échec de Sarkozy

François Hollande a dit ses «regrets», évoquant des «résultats qui ont tardé à venir» et prenant l’exemple du débat, «trop long» à ses yeux, sur le mariage pour tous. Il a également admis ne pas avoir «suffisamment dit» aux Français au lendemain de son élection la gravité de la crise économique.

La victoire face à Nicolas Sarkozy le 6 mai 2012, «ce n’est pas parce que j’avais un programme étincelant, c’est sans doute parce que mon prédécesseur avait échoué», a-t-il reconnu.

«Je ne veux pas du tout occulter ces deux années. Au contraire, elles ont été majeures (…) pour poser les réformes essentielles. Mais maintenant, je veux qu’il y ait des résultats, des résultats qui ont tardé à venir compte tenu de la situation, mais qui sont possibles», a dit le président, un mois après avoir changé de Premier ministre et de gouvernement.

Lutte contre le chômage

Un mois après la débâcle des élections municipales, François Hollande a demandé à être jugé «à la fin du quinquennat», liant les résultats de sa politique à sa décision de présenter ou non pour un deuxième mandat en 2017. Il s’est aussi dit persuadé que le Premier ministre Manuel Valls saurait donner «l’impulsion nécessaire pour redresser le pays».

Le président français a martelé que son «obsession» restait la lutte contre le chômage, qui frôle toujours les 10%, et avancé que s’il n’avait «pas inversé la courbe» comme il l’avait promis, il l’avait au moins «stabilisée». Rappelant avoir allégé de 10 milliards le coût du travail, il a conditionné son éventuelle candidature à l’élection de 2017 à son bilan sur la croissance et sur l’emploi.

François Hollande s’est aussi félicité d’avoir contribué à stabiliser la zone euro, installer une union bancaire, créer une taxe sur les transactions financières, et introduit en France une loi de séparation des activités spéculatives des activités de dépôt.

Paris risqués

Son pari d’«un retournement économique» apparaît cependant risqué au moment où la France s’est engagée à réaliser 50 milliards d’euros d’économies d’ici à 2017 pour tenir l’objectif d’un retour à 3% de déficit public en 2015. De nombreux économistes craignent que les mesures d’économies ne brisent le fragile élan de la reprise.

François Hollande a aussi tenté de reconquérir l’électorat de gauche en ressortant sa promesse de campagne d’accorder le droit de vote aux élections locales aux étrangers non communautaires. «Ce texte sera de nouveau proposé» avant la fin du quinquennat, a-t-il assuré.

La seule annonce concrète a concerné un éventuel report de 2015 à 2016 des élections régionales de manière à procéder au redécoupage territorial qui ferait passer le nombre de régions de la France métropolitaine de 22 aujourd’hui à «11 ou 12».

(ats/Newsnet)