
Le groupe avait déjà revendiqué lundi l’enlèvement de plus de 200 lycéennes.
«Ils passaient de porte en porte à la recherche de filles (…) Ils ont pris de force huit filles âgées de 12 à 15 ans», a déclaré Abdullahi Sani, un habitant du village de Warabe, dans l’Etat de Borno (nord-est), où les enlèvements ont eu lieu dimanche soir. Ces nouveaux enlèvements ont été confirmés par d’autres habitants.
Abdullahi Sani a parlé par téléphone depuis Gwoza, une petite ville située à 10 km de Warabe. Lui et d’autres habitants s’y sont réfugiés après l’attaque, qu’ils ont attribuée à Boko Haram.
L’homme a ajouté que les assaillants n’avaient tué personne, ce qu’il a trouvé «surprenant». Il a estimé que l’enlèvement de jeunes filles était le but de l’opération. Les hommes armés ont partiellement incendié le village, selon Abdullahi Sani.
«Nous vivons dans la peur»
Un autre habitant de Warabe, Peter Gambo, a confirmé la description des faits par Abdullahi Sani, ajoutant que l’armée n’avait fourni aucune protection pendant et après l’attaque.
«A Gwoza, nous vivons dans la peur» à cause de cet enlèvement, s’est-il plaint. «Nous ne sommes pas en sécurité ici. Si les hommes armés reviennent pour prendre nos propres filles, personne ne pourra les arrêter».
La police de l’Etat de Borno n’a pas répondu aux appels. Le porte-parole du gouvernorat de Borno, Isa Gusau, a indiqué ne pas être au courant de l’attaque. Cette dernière s’est produite à quelque 160 kilomètres de la capitale de l’Etat, Maiduguri, où Boko Haram a été créé il y a plus d’une décennie.
Pires craintes
Dans une vidéo obtenue lundi, le chef du groupe islamiste armé Abubakar Shekau a revendiqué l’enlèvement de plus de 200 adolescentes le 14 avril dans un lycée de Chibok, une autre ville de l’Etat de Borno. Il a menacé de les vendre comme esclaves.
Cette revendication a confirmé les pires craintes des familles des jeunes filles et suscite une vive indignation dans le monde. «Depuis le début, nous imaginions ce qui pourrait arriver à nos filles aux mains de ces gens abominables. Aujourd’hui, Shekau a confirmé nos craintes», a déclaré Lawal Zanna, dont la fille figure parmi les captives.
Au total, 276 lycéennes avaient été enlevées. Plusieurs dizaines ont réussi à s’enfuir, mais plus de 220 seraient toujours aux mains des insurgés, selon la police.
«Contraire à l’islam»
Mardi, Al-Azhar, plus haute autorité religieuse de l’islam sunnite, a appelé Boko Haram à relâcher les lycéennes. Dans un communiqué publié au Caire, Al-Azhar, siège de la prestigieuse université islamique du même nom, a souligné que faire du mal à ces jeunes filles est «totalement contraire aux enseignements de l’islam et à ses principes de tolérance».
«Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur cette preuve évidente de barbarie», a déclaré lundi la sénatrice démocrate américaine Amy Klobuchar devant ses pairs.
Le chef de la diplomatie britannique, dénonçant des kidnappings «écoeurants», a indiqué que Londres apportait une «aide concrète» au Nigeria dans cette affaire. Vendre les adolescentes s’apparenterait à un crime contre l’humanité, a pour sa part prévenu l’ONU.
(ats/afp/Newsnet)