Ukraine: Burkhalter demande un dialogue entre Kiev et les régions

Le président de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a qualifié la discussion avec les ministres des Vingt-Huit de «très constructive». «Il est temps désormais de mettre en oeuvre le plan» de sortie de crise en quatre points proposé par l’Organisation, a-t-il déclaré. Mais la fenêtre d’opportunité est très étroite.

La feuille de route prévoit un cessez-le-feu, le désarmement des séparatistes, le lancement d’un large dialogue national, ainsi que la présidentielle du 25 mai. Un fonds pour un programme de désarmement est actuellement établi, a précisé la présidence de l’OSCE dans un communiqué lundi soir.

Gouvernement, parlement et régions

Un «large dialogue national» intégrant tous les acteurs politiques était déjà demandé dans l’accord de Genève, conclu le 17 avril par l’Ukraine, la Russie, les Etats-Unis et l’UE. Selon le président de l’OSCE, tous ces acteurs ont accueilli favorablement la feuille de route.

Devant les ministres de l’UE, M. Burkhalter a appelé à une «série de discussions de haut niveau» entre membres du gouvernement, parlementaires nationaux et représentants des régions. Elle doit débuter aussi vite que possible. Mais l’Ukraine, «parce qu’il s’agit ici de son avenir», doit décider quand elle va démarrer, selon M. Burkhalter.

L’UE veut soutenir ce dialogue national de crise en Ukraine. Une première table ronde pourrait avoir lieu mercredi à Kiev, selon des sources française et allemande. M. Burkhalter a préféré parler d’une discussion si possible «encore dans la semaine».

Dialogue avec la Russie

Les modalités ne sont toutefois pas encore clairement établies. Une personnalité ukrainienne acceptée par Kiev et les régions doit diriger les débats. Elle n’est pas encore connue. Elle sera secondée par un modérateur de l’OSCE qui a déjà été adoubé par le gouvernement ukrainien, l’ambassadeur allemand chevronné Wolfgang Ischinger.

Autre élément à préciser, la participation des séparatistes. Le gouvernement ne souhaite pas dialoguer avec eux. L’OSCE souhaite, elle, rassembler le plus grand nombre de parties possible autour d’une table. Lors de sa rencontre il y a une semaine à Moscou avec le président russe Vladimir Poutine, le président de la Confédération a constaté une certaine disposition au dialogue du côté de la Russie.

Et il s’est entretenu lundi par téléphone avec M. Poutine. Il lui a demandé de renforcer son soutien.

Réunions publiques

Après le projet de dialogue national lancé fin mars par l’OSCE, M. Burkhalter avait souhaité, lors de sa visite mi-avril dans la capitale ukrainienne, que des tables rondes publiques sur la décentralisation soient organisées dans tout le pays. L’une d’entre elles a eu lieu il y a quelques semaines à Kiev.

L’OSCE veut poursuivre ces réunions dans les mairies, a insisté lundi le président de la Confédération. Avec comme thème la décentralisation et le statut de la langue russe, elles doivent tenter de briser la polarisation dans la société ukrainienne et de préparer le terrain à une solution politique.

Ces démarches devraient se poursuivre au-delà de l’élection présidentielle du 25 mai et devenir partie intégrante du processus constitutionnel.

Pas besoin de «Genève II»

«Le plus important est de reconstruire un véritable dialogue en Ukraine, entre la Russie, l’UE et les Etats-Unis», selon M. Burkhalter.

Moscou estime toutefois qu’une nouvelle réunion quadripartite, comme le 17 avril dernier à Genève, «n’a pas vraiment de sens». «Rien ne fonctionnera si les opposants au régime ne sont pas inclus dans un dialogue direct sur une sortie de crise», a souligné lundi le ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov.

Le chef de la diplomatie russe souhaite que l’«on passe aux mesures pratiques que doivent mettre en oeuvre les parties en conflit». Selon lui, une sortie de crise n’est possible que par le dialogue entre Kiev et les représentants des régions de l’est du pays.

Par ailleurs, M. Burkhalter a dit que le référendum organisé dimanche dans l’Est de l’Ukraine n’était «pas conforme» à la Constitution ukrainienne. Il a admis que le scrutin pouvait représenter une «provocation» pour certaines parties.

(ats/Newsnet)