Ukraine: Les séparatistes ne veulent plus de Kiev

Le Kremlin a entériné les référendums séparatistes organisés par les militants pro-russes de Lougansk et Donetsk. Dans la région de Donetsk, le «oui» l’a emporté à 89 % selon les organisateurs.

«Nous, le peuple de la république populaire de Donetsk déclarons que la république devient désormais un Etat souverain», a dit l’un des responsables séparatistes, Denis Pouchiline. «Nous demandons à la Russie d’examiner un rattachement de la République de Donetsk à la Fédération de Russie», a-t-il dit.

Selon l’agence russe RIA, la région de Lougansk, où les électeurs auraient voté «oui» à 96,2%, va demander aux Nations unies de reconnaître son indépendance.

Le maire autoproclamé de Slaviansk, Viatcheslav Ponomariov, a lui déclaré lundi que sa région, dans l’est de l’Ukraine, avait besoin des troupes russes.

Critiqué par Kiev, l’UE et Burkhalter

L’Ukraine a qualifié de «farces» ces référendums et les ministres des Affaires étrangères des Vingt-Huit ont cherché à minimiser leur portée. Ayant été organisés dans «l’illégalité», ils n’ont «aucune crédibilité aux yeux du monde», a insisté le Britannique William Hague. Un avis partagé également par les Etats-Unis et le président en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), Didier Burkhalter.

«Il n’y a pas de temps à perdre» avant l’élection présidentielle ukrainienne du 25 mai, a dit M. Burkhalter, à l’issue d’une réunion avec les ministres des 28 à Bruxelles.

«Nous avons une fenêtre d’opportunité de quelques jours» pour «des actions concrètes», a ajouté M. Burkhalter. Il veut des tables rondes, rapidement, avec des représentants du pouvoir, du Parlement et des régions.

Nommé «modérateur» de l’OSCE, le diplomate allemand expérimenté Wolfgang Ischinger a été chargé de seconder une personnalité ukrainienne qui n’est pas encore connue pour diriger ces discussions sur l’organisation future du pays. La Russie a exhorté lundi le gouvernement de Kiev à ce dialogue.

Mise en garde à Burkhalter

«Je sais que c’est difficile quand il y a des morts et des blessés, mais c’est la solution», a commenté le ministre allemand Frank-Walter Steinmeier, selon lequel il est encore «possible de changer l’atmosphère en Ukraine». Il sera mardi à Kiev et dans l’Est de l’Ukraine.

Certains diplomates craignent en revanche que le président de l’OSCE ne fasse preuve de naïveté face au Kremlin. «M. Poutine s’est jusqu’à présent montré intraitable. Pourquoi changerait-il maintenant?», s’interroge l’un d’eux.

Tout en plaidant pour le dialogue, les 28 ont d’ailleurs voulu envoyer un message de fermeté à la Russie en élargissant leur liste de sanctions ciblées.

Sociétés criméennes visées

Treize noms de personnalités russes ou pro-russes ont été ajoutés à la liste des 48 personnes déjà visées par une interdiction de visas et un gel des avoirs. Et, pour la première fois depuis le début de la crise, l’UE a sanctionné deux entreprises ayant tiré profit de l’annexion de la Crimée par la Russie fin mars.

«Nous avons entendu des propos positifs de M. Poutine, mais ils n’ont pas été suivis d’actes positifs», a regretté le ministre néerlandais Franz Timmermans, en faisant référence aux déclarations jugées encourageantes tenues la semaine dernière par le président russe.

«Ce n’est vraiment pas suffisant», a déploré le ministre lituanien, Linkus Linkevicius, en souhaitant que des sanctions visent directement «le cercle le plus proche des conseillers de M. Poutine».

Election évoquée

Le président du Conseil européen Herman Van Rompuy est arrivé lundi à Kiev pour y rencontrer le Premier ministre Arseni Iatseniouk. Il a dit que l’UE prendrait des sanctions «supplémentaires» dans «une vaste série de secteurs» si une désescalade n’intervient pas.

Sur le terrain, la tension restait vive près d’une tour de la télévision des environs de Slaviansk. Les forces rebelles auraient à nouveau tenté de s’en emparer durant la nuit, selon le ministre ukrainien de l’Intérieur, Arsen Avakov.

Un compromis semble en revanche prendre forme dans la grande ville portuaire de Marioupol.

(ats/Newsnet)