Crise: La Libye s’enfonce dans le chaos

Le gouvernement libyen a proposé lundi la «mise en congé» du Parlement contesté pour sortir le pays de la crise politique. Une crise aggravée par une attaque armée contre cette instance et une offensive d’une force para-militaire dans l’Est.

Comme pour rendre la situation plus chaotique, les Forces spéciales à Benghazi, une unité d’élite de l’armée régulière, ont annoncé qu’elles ralliaient cette offensive. Elle avait été lancée contre les groupes radicaux par un général à la retraite, Khalifa Haftar, accusé par les autorités de mener une «tentative de coup d’Etat».

Toutes ces violences risquent de plonger le pays dans la guerre civile. Elles pourraient aussi raviver les rivalités entre des dizaines de milices qui obéissent à leurs propres intérêts, qu’ils soient d’ordre idéologique, régional ou tribal.

Nouvelles élections

Affirmant oeuvrer pour éviter que la Libye ne sombre dans la guerre, le gouvernement a proposé que «le CGN (parlement), après l’adoption du budget 2014, se mette en vacances parlementaires, jusqu’à l’élection d’un nouveau Parlement» dans un délai de trois mois.

Cette initiative figure dans une lettre ouverte publiée sur le site du gouvernement. Elle prévoit également un nouveau vote au Congrès pour donner la confiance à un nouveau Premier ministre, Ahmed Miitig, élu à l’issue d’un vote chaotique et controversé début mai.

Le CGN a provoqué la colère de forces politiques et militaires et d’une grande partie de la population en décidant de prolonger jusqu’en décembre 2014 son mandat arrivé à expiration en février.

Son siège à Tripoli est régulièrement la cible d’attaques de groupes armés. La dernière en date a été lancée dimanche par les puissantes milices de la région de Zenten (ouest), considérées comme le bras armé du courant libéral en Libye et qui réclament la dissolution du CGN.

Opération «Dignité»

Après l’attaque, les Zentanis se sont retirés vers leur fief dans le sud de la capitale, où des combats les ont opposés à des milices islamistes (2 morts et 55 blessés).

Dans la capitale de l’Est, Benghazi, Khalifa Haftar a affirmé «réorganiser ses unités» après avoir lancé vendredi l’opération «Dignité» contre des groupes islamistes armés: bilan, 79 morts et 141 blessés.

M. Haftar affirme qu’il ne souhaite pas conquérir le pouvoir, mais ne fait que répondre «à la demande de la population» de combattre le «terrorisme». Sa force paramilitaire s’est auto-déclarée Armée nationale libyenne. Outre les Forces spéciales, plusieurs officiers de la région orientale, y compris des forces aériennes, ont rejoint M. Haftar.

Craintes de l’UE

Face au chaos sécuritaire, l’Arabie saoudite a annoncé la fermeture de son ambassade à Tripoli et l’évacuation de son personnel diplomatique. La compagnie aérienne Tunisair a annoncé la reprise de ses vols à destination de la Libye après une brève interruption, à l’exception de celui vers Benghazi, dont l’aéroport est fermé.

Enfin, alors que la Libye a vu sa production pétrolière chuter en raison du blocage rebelle des ports, les prix du pétrole ont ouvert en hausse à New York à cause des craintes sur l’approvisionnement en brut dues à l’escalade dans ce pays riche en pétrole.

L’Union européenne est «très préoccupée» par «la poursuite de la détérioration» de la situation en Libye. Bruxelles appelle «toutes les parties à éviter tout recours à la force» et «à travailler ensemble» afin de favoriser «une transition réussie» en Libye, a-t-il ajouté.

(ats/Newsnet)