Hongrie: Un pasteur dénonce «les ragots contre la nation hongroise»

Dans cette campagne pour les élections européennes du 22 au 25 mai, la Hongrie fait figure de laboratoire du national-populisme parmi les 28 pays de l’Union. C’est pourquoi, lors d’un reportage à Budapest, 24 heures a demandé un entretien au représentant du Jobbik, le parti d’extrême droite hongrois. Celui-ci a catégoriquement refusé de nous rencontrer.

En revanche, et sous condition d’une retranscription dans son intégralité, le pasteur calviniste du Temple du retour (à la patrie), haut-lieu du parti Jobbik qui a fait érigé une croix de Saint-Etienne devant l’édifice, a accepté de répondre par écrit à nos questions. Le pasteur Lorant Hegedüs jr, est une figure de la droite radicale. Taxé d’antisémitisme, il s’en défend et veut réhabiliter la figure du régent hongrois, l’amiral Miklos Horthy qui a entraîné son pays dans l’alliance avec l’Allemagne nazie, avant d’être déposé par le régime hitlérien au profit de Ferenc Szálasi des «Croix fléchées», le mouvement nazi hongrois.

Dirigeant de la Hongrie entre 1920 et 1946, Miklos Horthy a à la fois, institué des quotas de juifs à l’université dans les années 20, tenté de négocier secrètement avec les Alliés et de s’opposer aux déportations de juifs hongrois par l’occupant nazi en 1944 (au sortir de la Deuxième Guerre Mondiale, 430 000 juifs hongrois ont été déportés vers les camps d’extermination sur ordre d’Eichmann). Très controversé, Horthy reste une figure historique de la droite nationaliste, notamment parce qu’il a récupéré en 1938 des territoires amputés par le traité de Trianon de 1920, au sortir de la Première Guerre Mondiale.

24 heures: Que représente le temple du Retour pour ceux qui le fréquente?
Lorant Hegedüs jr: Pour nos fidèles, ce temple est la maison du Dieu de la Sainte Trinité. Il a été et un refuge pour tous les hommes de bonne volonté. Après le traité de Trianon, nos prédécesseurs ont accueilli et sauvé des Hongrois réfugiés de Transylvanie, de Haute Hongrie (Slovaquie du Sud), de Sub-Carpathie (Ukraine) et des marches méridionales (Croatie, Serbie). Pendant la Shoa, des Juifs hongrois ont aussi trouvé refuge ici .

– Pensez-vous la Hongrie a une revanche à prendre sur l’histoire?
– Nous devons tout à Dieu, Seigneur de l’histoire.. Il est évident que la Hongrie n’a pas été gâtée par l’Histoire, mais c’est de Lui que nous avons reçu «notre beau destin hongrois» comme «le chef d’oeuvre de Dieu éprouvé dans la douleur», afin que nous puissions faire preuve de notre foi en Lui par notre calvaire.

– La Grande Hongrie, c’est du passé?
– Il n’y a jamais eu de «Grande Hongrie», cependant la Hongrie fût, est, et sera. Ainsi ce qui vit avec et en nous, partie intégrante de nos âmes et de nos esprits, ne sera jamais du passé. Surtout si – tout en nous efforçant d’atteindre l’humanité christique totale – nous ne laissons pas nos âmes se faire mutiler et nos esprits se faire emprisonner.

– Un buste de Horthy a été inauguré ici. Que représente-t-il pour vous?
– Le Gouverneur Miklós Horthy, fondateur de notre communauté et de notre temple, a été un homme d’État sauveur de hongrois et de juifs. Le destin tragique de sa famille reflète bien la tragédie de son peuple. Les mensonges dont il est accusé ont été colportés et imposés dans l’opinion publique hongroise et internationale par le pouvoir communiste, ainsi que par une petite entente venimeuse étouffant la Nation. Le livre de l’ancien ambassadeur américain Montgomery, intitulé “Le vassal rétif ” présente de manière fidèle le rôle historique du Gouverneur dans toute sa juste humanité.

– Pensez-vous que l’Europe traite bien la Hongrie?
– La Hongrie est le coeur de l’Europe. Sans coeur, il n’y pas de vie. L’Europe ne peut pas être l’ennemie de son propre coeur, car si celui-ci est faible, alors le Vieux-Continent le sera aussi. La question se pose ainsi: comment la dictature globale des cartels bancaires traite l’Europe et son coeur? La réponse est qu’elle perce son coeur, et que le règne sans partage des oligarques de Mammon est garanti – mais seulement jusqu’au jugement ultime et purificateur de Dieu.

– Comment jugez-vous la politique de Viktor Orbán?
– Ce n’est pas à moi de m’abaisser au niveau des marécages de la politique politicienne, mais je peux vous dire une chose: dans notre monde devenu virtuel, les apparences peuvent même tromper les meilleurs. Comme tous les politiciens, Viktor Orbán doit être évalué par la conformité entre ses propos et ses actes. Ils sont évalués différemment ici et à l’étranger, et ce n’est pas par hasard: la campagne étrangère de ragots contre la nation hongroise justifie ce qui a de moins en moins de crédit ici. L’éternité est longue et «il n’est rien de caché qui ne doive être découvert, rien de secret qui ne doive être mis au jour.»

Propos traduits par Máté Kovács. (24 heures)