Justice: Une nouvelle injection létale suspendue aux USA

L’exécution de Russell Bucklew, qui pourrait être la première aux Etats-Unis depuis la longue agonie d’un condamné le 29 avril en Oklahoma, peut avoir lieu jusqu’à mercredi à minuit (7 heures suisses jeudi) à Bonne Terre.

A une heure de l’ouverture de ce créneau de 24 heures, le juge Samuel Alito, chargé du Missouri à la Cour suprême, a arrêté pour la nuit les arguties juridiques des deux parties devant une Cour d’appel fédérale, en décrétant un sursis temporaire le temps que la haute Cour puisse trancher dans son ensemble dans la journée de mercredi.

Cette affaire illustre combien les procédures d’injection létale sont devenues sujet de polémique aux Etats-Unis depuis que les 32 Etats pratiquant la peine capitale sont confrontés à une pénurie de barbituriques.

La plus haute juridiction du pays pourrait en profiter mercredi pour se saisir de l’affaire et créer une jurisprudence alors que les recours judiciaires se multiplient devant les tribunaux pour contester l’origine des nouveaux produits utilisés, le secret qui les entoure et les souffrances anticonstitutionnelles que les condamnés risquent d’endurer.

Russell Bucklew, condamné à mort pour le meurtre de son rival amoureux et le viol de son ancienne compagne, est le troisième prisonnier dont l’injection létale est programmée depuis l’exécution de Clayton Lockett le 29 avril en Oklahoma.

Une agonie de 43 minutes

Ce condamné avait succombé dans d’apparentes souffrances 43 minutes après l’injection d’un nouveau cocktail létal, contre une dizaine de minutes habituellement.

Cette exécution avait soulevé des protestations quasi unanimes, jusqu’à la Maison Blanche, où Barack Obama l’avait qualifiée de “profondément dérangeante”. Le président américain en avait profité pour appeler à une révision complète des procédures d’injection létale dans le pays.

L’exécution programmée le même jour dans l’Oklahoma avait été reportée puis suspendue pour une période de six mois, le temps de revoir la procédure de l’Etat. Une deuxième exécution prévue au Texas le 13 mai avait été également suspendue. Celle du Missouri, prévue avec du pentobarbital fabriqué par un préparateur en pharmacie dont l’Etat refuse de dévoiler le nom, est programmée trois semaines après la mort de Clayton Lockett.

Russell Bucklew, qui souffre de tumeurs vasculaires et de troubles circulatoires, affirme qu’une exécution par injection lui ferait endurer les mêmes souffrances que Clayton Lockett.

Bucklew avait demandé mardi le report de son exécution à une Cour d’appel ainsi qu’à la Cour suprême, en raison des souffrances qu’il risquait de subir, en violation du 8e amendement de la Constitution qui interdit les “châtiments cruels et inhabituels”. Il a en outre contesté la règle du secret d’Etat sur la provenance des barbituriques utilisés pour les exécutions.

Suspension temporaire

La Cour d’appel a d’abord suspendu l’exécution, estimant qu’il existait “une probabilité substantielle que Bucklew obtienne gain de cause sur le fait que l’actuelle procédure d’exécution présente un risque objectivement intolérable de souffrances “.

Mais le ministre de la Justice du Missouri, Chris Koster, lui avait demandé de reconsidérer son arrêt.

Et au moment même où cette Cour dans son ensemble décidait finalement d’autoriser l’exécution de Russell Bucklew, c’est le juge Alito qui la suspendait temporairement à une heure seulement de l’heure fatidique.

Il y a quelques mois, le Missouri avait exécuté un condamné, Herbert Smulls, avant que la Cour suprême ne dise son dernier mot.

Selon un sondage, 59% des Américains restent en faveur de la peine capitale. 35% y sont opposés. Mais les deux tiers des 800 personnes interrogées prônent une autre méthode d’exécution que l’injection létale, comme la chaise électrique, la chambre à gaz, le peloton d’exécution et la pendaison.

(afp/Newsnet)