
«Le nombre de cadavres est actuellement de 118», a dit Mohammed Abdulsalam, coordinateur de l’Agence nationale de gestion des crises (NEMA). Il a souligné qu’il pourrait «y avoir plus de cadavres dans les décombres».
Un peu plus tôt, la police confirmait la mort de 46 personnes et annonçait que 45 autres étaient grièvement blessées. Les victimes sont «en majorité des femmes», avait précisé Pam Ayuba, porte-parole du gouverneur de l’Etat.
La première explosion, due à un camion piégé, est survenue vers 15h00 (16h00 en Suisse) sur le marché New Abuja. Une vingtaine de minutes après, un minibus piégé explosait à son tour, prenant au piège des membres des équipes de secours qui s’efforçaient d’accéder aux victimes.
Le président nigérian Goodluck Jonathan a rapidement condamné ces attentats, «une attaque tragique contre la liberté humaine» perpétrée par des hommes «cruels et diaboliques».
«Le gouvernement reste entièrement engagé pour gagner la guerre contre le terrorisme», a souligné la présidence. Mais le chef de l’Etat est sous le feu des critiques pour sa lenteur et son manque d’initiative dans cette période de tourmente.
Pas revendiqué
L’Etat du Plateau marque la limite entre le sud chrétien et le nord majoritairement musulman du pays le plus peuplé d’Afrique, première puissance économique du continent. La région et sa capitale Jos ont déjà été le théâtre de violences intercommunautaires meurtrières, tout comme d’attaques de Boko Haram.
Après une attaque-suicide dimanche à Kano, la grande ville du nord, le double attentat de mardi n’est pas de nature à rassurer les Nigérians. Ils sont déjà ulcérés par l’incapacité du pouvoir à sauver quelque 200 lycéennes enlevées mi-avril à Chibok (nord-est) par l’insurrection islamiste.
La police a indiqué mardi avoir arrêté deux suspects après l’attentat de Kano, survenu dans un quartier majoritairement chrétien aux nombreux bars et restaurants. Toutefois, aucune de ces dernières attaques n’a été revendiquée, et les autorités n’ont pas désigné de responsables pour l’heure.
En un mois, deux attentats à la voiture piégée ont fait près d’une centaine de morts à Abuja, la capitale fédérale. Le premier a été revendiqué par Boko Haram, engagé dans des actions sanglantes depuis 2009.
Etat d’urgence peu efficace
C’est dans ce contexte d’intensification des violences que le président Jonathan avait demandé la prolongation de l’état d’urgence dans les Etats de Yobe, Adamawa et Borno (nord-est), fief des islamistes armés. En vigueur depuis un an, cette mesure a été votée mardi par les sénateurs à l’unanimité, comme l’avaient fait les députés la semaine dernière.
Si, dans un premier temps, l’état d’urgence, accompagné d’une vaste offensive militaire, avait semblé porter ses fruits, nombre d’observateurs jugent aujourd’hui la mesure inefficace, et d’abord symbolique.
Les attaques de Boko Haram se sont finalement accrues, devenant quasi quotidiennes, prenant de plus en plus pour cible les civils et s’étendant ces dernières semaines à Abuja et Kano. Depuis le début de l’année, les attaques ont fait plus de 2000 morts, en majorité des civils.
Abuja en appelle aussi aux Nations unies. Le Nigeria a demandé officiellement au Conseil de sécurité de l’ONU d’ajouter Boko Haram à une liste d’organisations considérées comme terroristes et soumises à des sanctions en raison de leurs liens avec Al-Qaïda.
(ats/Newsnet)