La présidente du Malawi annule les élections avant sa défaite

La présidente du Malawi, Joyce Banda, a annulé samedi l’élection présidentielle, en passe d’être gagnée par son principal rival Peter Mutharika. Elle invoque de «graves irrégularités» dans le scrutin qui avait été organisé le 20 mai dans ce petit pays d’Afrique australe.

Au pouvoir depuis 2012, Mme Banda a déclaré à la radio que le scrutin de cette semaine était «nul et non avenu». Elle a annoncé un nouveau vote dans ce petit pays d’Afrique australe.

«En tant que présidente, j’ai utilisé les pouvoirs que me confère la Constitution pour déclarer les élections nulles et non avenues», a déclaré Mme Banda, au pouvoir depuis 2012. S’exprimant à la radio, elle a annoncé qu’un nouveau vote est prévu dans les 90 jours.

«De graves irrégularités»

Elle a affirmé qu’elle ne serait cette fois pas candidate, afin de «donner aux Malawites (une élection) libre et juste». Elle a invoqué de «graves irrégularités», affirmant notamment que des électeurs avaient voté plusieurs fois, que des urnes avaient été bourrées et que le système informatique de comptage des voix avait dysfonctionné.

Selon les partisans de la présidente, son principal rival Peter Mutharika serait derrière les «irrégularités» de ce scrutin, à l’organisation notoirement chaotique.

Ce coup de théâtre intervient quelques heures après l’annonce par la commission électorale des résultats partiels portant sur 30% des suffrages. Ceux-ci indiquent que Mme Banda est sérieusement distancée, avec 23% des voix pour elle, et 42% à Peter Mutharika, frère du président Bingu wa Mutharika au pouvoir de 2004 à 2012.

Le comptage se poursuit

Le président de la commission électorale, Maxon Mbendera, a affirmé que malgré des problèmes dans le comptage électronique des votes, l’élection était «valide» et que le comptage se poursuivait manuellement. Pour lui, l’attitude de Mme Banda s’explique par le «désespoir».

Vice-présidente en titre, Joyce Banda avait hérité en 2012 du fauteuil présidentiel au décès de Bingu wa Mutharika. Il n’y avait pas eu d’élection, conformément à la Constitution.

Requête rejetée

Frère du président défunt, l’ancien ministre des Affaires étrangères Peter Mutharika avait alors tenté de l’écarter pour confisquer le pouvoir à son profit. Une enquête ordonnée par Mme Banda a conclu à des manoeuvres passibles d’une condamnation pour haute trahison.

La Haute Cour du Malawi avait autorisé jeudi la publication des résultats partiels des élections présidentielle et législatives de mardi. Elle avait rejeté une requête du parti de Mme Banda qui estimait que «les chiffres remontant des centres régionaux ne correspondaient pas au nombre d’électeurs des différents bureaux de vote, parce le système avait été piraté».

(smk/ats/Newsnet)