Kédougou: Les élèves imposent une intifada aux forces de l’ordre et paralysent le système

Depuis quatre bonnes semaines on a assisté à un calme plat au sein du lycée technique industriel et minier de Kédougou. Et pour cause, les professeurs dudit établissement réclament depuis lors le paiement de leurs déplacements ordinaires et de leurs heures supplémentaires.

Lassés de cette situation, les élèves et étudiants de ce temple du savoir sont entrés dans la danse afin qu’une solution définitive soit trouvée et qu’ils regagnent les salles de classes. Mardi dernier, ils ont paralysé tout le système éducatif de la commune de Kédougou. Mais quand ils ont voulu déloger leurs camarades du lycée Maciré BA qui subissaient les épreuves de composition du second semestre, ils avaient trouvé sur place une dizaine de gendarmes qui voulaient faire capoter leur stratégie.

Hélas les pandores n’ont pas pu contenir cette foule déchainée qui était prête à aller jusqu’au bout. Jets de pierres contre gaz lacrymogènes et balles à blanc ont été servis à longueur de journée. In fine, les grévistes ont eu gain de cause en stoppant manu-militari les épreuves que subissaient  leurs pairs du lycée d’enseignement général.

On se crorait à la bande de Gaza mercredi, devant les artères qui mènent au lycée d’Enseignement général. Le lycée Maciré BA a en effet été le théâtre d’une véritable intifada. Après quatre semaines sans  un seul cours, les élèves et étudiants du lycée technique industriel et minier Mamba Guirassy de Kédougou, sont sortis de leurs gongs .

En effet ce sont leurs professeurs qui sont à l’origine de la grève. Ces derniers courent toujours derrière le paiement de leurs déplacements ordinaires ainsi que leurs heures supplémentaires. Ne pouvant plus continuer d’être les victimes de  cette situation, les élèves battent aussi le pavé depuis la semaine passée afin que des débuts de solution soient trouvés. Mardi matin ils se sont passés le mot d’ordre qui consistait à perturber les compositions du second semestre programmées par les autorités du lycée Maciré BA.

Leur plan a marché comme sur des roulettes suite à une vraie confrontation entre les apprenants et les forces de l’ordre. Avertis  certainement la veille, les pandores sont arrivés vers sept heures du matin devant le portail du lycée d’enseignement général. A huit heures les élèves en classe de troisième planchaient sur le sujet de dissertation et ceux des terminales sur les langues vivantes. Tout se déroulait normalement jusqu’à dix heures. Mais dès qu’ils ont voulu aborder la seconde épreuve de la matinée, c’était quasi impossible. Les jets de pierre faisaient face au crépitement des gaz lacrymogènes et des balles à blanc.

Les élèves qui étaient dans les salles de classes avaient du mal à se concentrer à cause du tintamarre que faisaient les grosses pierres lancées par les grévistes. Quand ils ont compris que l’effectif des pandores ne pouvait guère les contenir, ils ont appuyé sur l’accélérateur. Ils ont assailli de coup de cailloux les gendarmes à tel point qu’ils en ont blessés certains. Un d’entre eux avait l’arcade sourcilière ouverte et un autre a vu ses deux lèvres fendues par une pierre. Les grévistes aussi ont reçu leurs lots de désagréments. Beaucoup parmi eux avaient les yeux rougis par le gaz et le nez qui coulait. Un parmi eux aussi a reçu une balle à blanc à la jambe.

 Mais des dégâts matériels ont été aussi notés. Tous les ordinateurs de la surveillance du second cycle ont été cassés, on a volé un ordinateur portable d’un surveillant et le cellulaire d’un autre.

Soulignons que Kédougou fait partie des régions où l’école ouvre ses portes tard et les ferme tôt à cause de l’hivernage qui s’installe dès le mois de mai. Les épreuves physiques du BFEM sont prévues les 28 et 29 Mai et trois jours après, c’est le tour de celles du baccalauréat, sans oublier le bac technique du 16 juin. Il y a donc urgence à trouver une solution à cette crise scolaire qui pourrait mal tourner.

Mamadou Cheikh Fall / Sud quotidien /