France: Hollande réforme les régions pour doper la croissance

Le président François Hollande a lancé mardi dans une certaine précipitation une grande réforme territoriale de la France prévoyant une réduction du nombre des régions. L’objectif est de faire des économies et de doper la croissance des territoires.

«Notre organisation territoriale a vieilli et les strates se sont accumulées (…) Le temps est donc venu de simplifier et clarifier», a justifié François Hollande, choisissant de faire cette annonce par une tribune publiée mardi dans des journaux régionaux.

De 22 à 14 régions

Mesure phare de cette réforme, les régions, qui ont vu leur autonomie progressivement renforcée depuis leur institution en 1972 passeraient de 22 actuellement à 14 et gagneraient de nouveaux pouvoirs. 38245

Mais les grandes lignes de la réforme, véritable serpent de mer de la vie politique depuis des années dans un pays encore très centralisé, sont loin de faire consensus y compris à gauche, alors que le président socialiste connaît déjà une impopularité abyssale. François Hollande a d’ailleurs revu ses ambitions à la baisse pour donner des gages aux élus de sa majorité.

D’ici 2020

Ainsi la disparition annoncée des conseil généraux, les instances élues des 101 départements qui maillent le territoire presque sans changement depuis la révolution de 1789, se fera sur plusieurs années avec leur mort effective en 2020.

Jusqu’au bout, le nombre des nouvelles super-régions est resté en blanc, trahissant les hésitations de l’exécutif à trancher dans le vif, dans la crainte de s’aliéner le soutien de nombreux élus.

C’est une réforme «difficile», c’est «compliqué», a reconnu le chef du gouvernement Manuel Valls. «L’essentiel est de réduire le nombre de régions pour rendre nos régions plus fortes, plus compétitives», tout en maintenant «la cohésion de la Nation, de la République», a-t-il argumenté.

Des dents qui grincent

Le secrétaire d’Etat à la Réforme territoriale André Vallini a avancé que 10 milliards d’euros d’économies seront générés d’ici cinq à dix ans grâce à la réforme.

La carte proposée comporte des surprises et fait déjà grincer des dents. La Bretagne resterait une région à elle seule mais n’hériterait pas du département de Loire-Atlantique, avec lequel elle partage pourtant une histoire commune. La Picardie, sociologiquement proche du Nord se marierait à la Champagne-Ardenne.

Dans les régions limitrophes de la Suisse, une immense région regrouperait Rhône-Alpes et Auvergne. L’Alsace fusionnerait avec la Lorraine et la Franche-Comté rejoindrait la Bourgogne.

Réussite incertaine

François Hollande a dit vouloir «aller vite» sur ce sujet, qui nécessite un vote du parlement. Les projets de loi seront examinés en Conseil des ministres le 18 juin, avant leur discussion au Parlement «en juillet». Sur le découpage des régions, «il peut y avoir des évolutions», a ajouté M. Valls.

La réussite de l’opération est très incertaine, puisque, pour réviser la Constitution, il faut une majorité des 3/5e au parlement, ce dont la gauche ne dispose pas.

(ats/Newsnet)