Ukraine: Hollande dîne avec Obama et Poutine à Paris

près le G7 de Bruxelles, qui n’exclut pas de nouvelles sanctions contre la Russie, la France veut favoriser la désescalade exigée par les Européens et obtenir, au minimum, une poignée de main entre les présidents russe et ukrainien.

Le délicat agenda imaginé par les chancelleries a évité tout croisement dans la capitale française entre Barack Obama et Vladimir Poutine, qui ont partagé chacun un repas avec François Hollande : dîner dans un restaurant étoilé proche de l’Arc de Triomphe pour le président américain, souper à l’Elysée ensuite pour le chef du Kremlin.

François Hollande, qui a rencontré mercredi en Pologne le président ukrainien Petro Porochenko, a dit son souci d’être «utile» à la résolution de la crise ukrainienne.

«Centre du monde»

Lors du dîner avec Barack Obama, les deux dirigeants ont examiné comment utiliser les opportunités des prochains jours pour engager une désescalade, a rapporté l’entourage élyséen.

La France est le «centre du monde» à l’occasion des cérémonies de vendredi sur les plages normandes, déclarait le président français mercredi à Varsovie en marge du 25e anniversaire de la Pologne démocratique.

La présence exceptionnelle de la plupart des dirigeants occidentaux transforme de facto ce rassemblement en sommet informel sur l’Ukraine, livrée au chaos depuis l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie en mars et l’éclatement de troubles séparatistes pro-russes dans l’Est.

Rencontre Poutine-Porochenko

Vladimir Poutine s’est entretenu à Paris avec le Britannique David Cameron, qui a dit lui avoir adressé «des messages fermes et très clairs». Il verra l’Allemande Angela Merkel en Normandie et n’a pas exclu de rencontrer son nouvel homologue ukrainien en marge des cérémonies du D-Day.

Les deux hommes se retrouveront à la même table lors d’un déjeuner au château de Bénouville, puis lors du spectacle prévu dans l’après-midi sur la plage de Ouistreham (Calvados).

Dans une interview diffusée mercredi sur Europe 1 et TF1, Vladimir Poutine a dit n’avoir aucune intention «d’ignorer quiconque» en France.

Le président ukrainien élu le 25 mai, dont l’investiture est prévue samedi, a lui aussi fait montre d’ouverture. «Au point où nous en sommes, une rencontre entre Poutine et moi n’est pas envisagée, mais je n’exclus pas qu’elle ait lieu sous une forme ou sous une autre», a dit Petro Porochenko.

L’entourage de François Hollande restait prudent sur les possibilités d’une telle rencontre. «Si on en parle, ça ne marchera pas», soulignait-on.

Vente de Mistral

Partisans d’une ligne dure à l’égard de Moscou, les Etats-Unis ont émis des réserves sur la vente par la France de navires porte-hélicoptères Mistral à la Russie, une requête à laquelle François Hollande a adressé une fin de non-recevoir.

Il eut été préférable pour Paris «d’appuyer sur le bouton pause», a déclaré Barack Obama à Bruxelles, qui a toutefois dit comprendre les inquiétudes françaises, notamment en ce qui concerne le millier d’emplois lié à ce contrat.

«Cynisme sans limites»

Sur le terrain, la situation n’est pas à l’apaisement. Les gardes-frontière de l’Est de l’Ukraine, visés par des attaques séparatistes, ont annoncé jeudi avoir abandonné trois postes à la frontière de la Russie, dont ils demandent la fermeture partielle, et avoir réclamé des renforts de l’armée.

La Russie a de son côté évoqué un afflux de plusieurs milliers de réfugiés par jour en provenance de l’Est de l’Ukraine, ce que Kiev a démenti.

Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev a qualifié de «cynisme sans limites» le soutien exprimé selon lui par le G7 à l’opération armée des forces ukrainiennes contre l’insurrection pro-russe dans l’Est du pays. Mais ces critiques ont été sèchement rejetées par les dirigeants du G7.

Les dirigeants du G7 ont également épinglé Moscou pour la menace que la Russie fait peser sur les approvisionnements de gaz.

(ats/Newsnet)