Ukraine: Kiev négocie tous azimuts avec Moscou

Moscou et Kiev sont parvenus à une «compréhension réciproque» sur des aspects essentiels du plan de paix du président ukrainien Petro Porochenko. Cette annonce a été faite au deuxième jour de discussions du «groupe de contact». Ce groupe réunit la Russie, l’Ukraine et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Kiev mène des négociations tous azimuts avec Moscou pour mettre fin aux combats meurtriers dans l’Est, en proie à une rébellion séparatiste, et éviter une coupure du gaz russe que redoutent les Européens.

Des pourparlers sur l’épineuse question énergétique devaient débuter à 19H00 à Bruxelles. Moscou a prévenu : si Kiev ne règle pas sa dette gazière de plusieurs milliards de dollars et ses approvisionnements de juin avant mardi soir, Gazprom coupera ses livraisons, ce qui perturberait l’approvisionnement de l’Europe.

Les Ukrainiens rejettent le prix que demande la Russie depuis la mise en place d’un gouvernement pro-occidental à Kiev, le plus élevé appliqué à un pays européen.

La paix au plus vite

Trois jours après son bref entretien en France avec Vladimir Poutine qui a créé un espoir de désescalade, Petro Porochenko semble vouloir rapidement apaiser les relations avec Moscou. Il s’est donné une semaine pour obtenir un retour au calme dans l’Est.

Dimanche, au lendemain de son investiture, il a ouvert des négociations à Kiev, pour la première fois depuis la chute fin février de son prédécesseur prorusse Viktor Ianoukovitch.

Ces discussions à huis clos entre l’ambassadeur de Russie Mikhaïl Zourabov et l’ambassadeur d’Ukraine en Allemagne Pavlo Klimkine, en présence d’une représentante de l’OSCE, doivent se dérouler quotidiennement jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée.

Le temps presse

Trois premières séances ont débouché sur «une compréhension commune des étapes clés» à franchir pour «une désescalade de la situation dans les régions de Donetsk et Lougansk», a indiqué lundi soir Andrii Deshchytsia.

Le temps presse : l’insurrection dans l’Est industriel et russophone gagne du terrain en dépit de l’offensive déclenchée il y a deux mois par les forces ukrainiennes.

Les séparatistes ont pris le contrôle d’une partie de la frontière avec la Russie, un revers pour Kiev qui ne cesse de dénoncer l’afflux d’armes et de combattants en provenance du territoire russe. Les gardes-frontière ont affirmé avoir repoussé dans la nuit de dimanche à lundi un nouvel assaut à l’arme lourde au poste d’Izvarino.

Près de Slaviansk, bastion prorusse contre lequel l’armée a intensifié son offensive, une unité militaire a été attaquée pendant la nuit à Artemivsk par une cinquantaine d’insurgés équipés d’armes automatiques. Les militaires ont repoussé l’attaque, tuant un séparatiste.

Au total, les combats ont déjà fait plus de 200 morts, rebelles, soldats ukrainiens ou civils.

Orientation européenne

A Donetsk, le «Premier ministre» de la «République de Donetsk» autoproclamée Alexandre Borodaï s’est dit «prêt au dialogue», à condition toutefois que Kiev «retire toutes ses forces armées».

Lors de son investiture, Petro Porochenko s’est adressé en russe aux habitants de l’Est et leur a promis de ne pas les abandonner. Il s’est montré en revanche inflexible sur l’orientation européenne de son pays et l’appartenance à l’Ukraine de la Crimée, rattachée à la Russie après un référendum jugé illégal par les Occidentaux.

Conflit gazier

M. Porochenko doit éviter une nouvelle «guerre du gaz» avec son voisin russe. Selon le journal russe «Vedomosti», la compagnie ukrainienne Naftogaz, qui a déjà réglé il y a une semaine 786 millions de dollars au russe Gazprom, pourrait verser un milliard de dollars dès lundi et s’engager sur un calendrier de règlement du solde dans les jours à venir.

Les analystes s’attendent à voir Gazprom reculer sur le prix et accorder une remise à l’Ukraine. En cas de perturbations du transit vers l’Europe à l’automne, «le manque à gagner serait plus douloureux que si les Ukrainiens ne payaient pas», a confié au quotidien une source proche de Gazprom.

(ats/Newsnet)