Assises de Tambacounda : Soupçonnée d’avoir tué son enfant après accouchement, l’épouse d’un émigré est acquittée

 

Pour la troisième affaire inscrite au rôle à la deuxième session de la cour d’assises de Tambacounda, le verdict est d’un acquittement pour l’accusée Fily Danfakha, âgée de 22 ans, née à Kédougou. Engrossé par un frigoriste en l’absence de son mari établi en Espagne, elle a accouché et est soupçonnée d’avoir tué son enfant.

C’est pour subvenir à ses besoins que Fily Danfakha, âgée de 22 ans, domiciliée au quartier Saré Guilél, dont le mari est en Espagne depuis cinq ans, a « roucoulé » avec un frigoriste. Vendeuse de «nana» menthe et ordinaire, elle a fait la connaissance du gars établi au quartier Dépôt, qui lui a ouvert son cœur. Fily lui fait savoir qu’elle est mariée et le frigoriste lui rétorque qu’il est aussi marié. Un jour, ce dernier lui envoie mille francs de crédit sur son téléphone portable pour lui demander si elle est chez elle à Saré Guilél. Fily Danfakha lui dit qu’elle se trouve en ce moment au quartier Plateau, chez sa tante. Sans désemparer, le frigoriste débarque à bord de sa moto au lieu indiqué. Sur place, Fily et le frigoriste se retirent dans la chambre de la tante qui faisait la cuisine dehors. C’est l’occasion rêvée pour les deux tourtereaux de s’envoyer en l’air. La jeune femme déclare devant les enquêteurs qu’après le rapport sexuel, le frigoriste lui a donné 1’500 FCFA et a remis 500 FCFA à sa tante après avoir acheté de la viande grillée et de la boisson.

Cette histoire finit par être découvert avec le ventre bedonnant de l’épouse infidèle qui a contracté une grossesse à la suite de ce rapport sexuel avec le frigoriste. Le samedi 2 juillet 2013, aux environs de 12 heures, les limiers du commissariat de police sont informés qu’une jeune femme venait d’accoucher à domicile au quartier Saré Guilél et que le nouveau-né de sexe masculin est décédé à la suite de cet accouchement. Muni de ces renseignements, les policiers, en compagnie des sapeurs pompiers débarquent sur les lieux. Sur place, ils trouvent Fily Danfakha sur le lit, le pagne sali par le saignement, et le corps sans vie du nouveau-né enveloppé d’un pagne. Après constat, le corps du nouveau-né est déposé au centre hospitalier régional en même temps que sa maman pour y subir des soins. Après quoi, Fily est écrouée à la police, le temps que la lumière jaillisse sur cette affaire. Devant les enquêteurs, elle déclare avoir accouché seule dans sa chambre et que le nouveau-né de sexe masculin, après avoir poussé un cri, est décédé. Revenant sur les circonstances de sa grossesse, Fily déclarait qu’après le décès de son premier mari, elle s’était remariée avec le jeune frère de celui-ci qui vit en Espagne depuis 5 ans et qu’elle n’a jamais vu. Elle ajoutait avoir informé le frigoriste Tidiane Ndoye avec qui elle entretenait des rapports sexuels et que ce dernier ne s’est pas acquitté des frais médicaux.

La réquisition ordonnée par le procureur a permis au chirurgien du centre de délivrer un certificat de genre de mort en concluant qu’il s’agit d’un nouveau-né de sexe masculin dont la mort est liée à une absence de ligature du cordon ombilical, ce qui a entrainé l’hémorragie fatale. Au terme de sa durée légale de garde à vue, Fily Danfakha a été déférée au parquet, inculpée d’infanticide puis placée sous mandat de dépôt. Sur le déroulement des faits devant la cour, elle déclare avoir accouché seule dans sa chambre d’un enfant de sexe masculin. Elle précise que l’enfant est mort après avoir crié une seule fois. Malgré les questions de la cour et de l’avocat général, l’accusée campe sur sa position. L’avocat général l’a chargé en requérant 5 ans de prison ferme. Pour Soyoubou Sy, « en l’espèce il n’est pas discuté qu’elle a caché sa grossesse, n’a pas fait de visites prénatales, a accouché sans assistance et tué l’enfant. Ceci laisse apparaître que c’est un assassinat sur un nouveau-né. Elle s’est employée de façon systématique et méthodique à se séparer de l’enfant. C’est une préméditation, c’est-à-dire l’accomplissement d’un acte dans le calme de l’âme, tous les éléments constitutifs existent pour la déclarer coupable des faits ».

L’avocat de la défense, Me Bamar Faye, a tenté de sauver sa cliente, en expliquant à la cour que celle-ci n’est pas l’auteur des faits, mais son mari qui est resté 5 ans en Espagne sans venir ni téléphoner. Selon lui, l’auteur de la grossesse qui a plus de 50 ans l’a manipulé pour l’engrosser avant de prendre la fuite, mais elle a préféré que celle-ci la cache, pour ensuite se séparer elle-même de l’enfant. L’avocat a alors plaidé l’acquittement pur et simplement compte tenu des faits réfutés par sa cliente.

La cour, après délibéré, conformément à la loi, a tout simplement acquitté l’accusée Fily Danfakha.

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