France «Si je les emmerde, ils n’ont qu’à me tuer»

par Vicky Huguelet – C’est l’escalade verbale entre Jean-Marie le Pen et sa fille Marine. Après les déclarations antisémites du fondateur du Front National, la famille lave son linge sale en public.

Le Front National (FN), parti d’extrême droite français, sera-t-il bientôt orphelin de père? Le ton monte entre Jean-Marie Le Pen et sa fille, Marine, par médias interposés: «Ma fille m’a poignardé dans le dos. (…) Si elle ne s’était pas exprimée, la polémique n’aurait pas duré plus de six heures (…). Je n’ai pas l’intention de changer à 85 ans. Si je les emmerde, ils n’ont qu’à me tuer. Je ne me suiciderai pas. Je préfère vous prévenir, s’il m’arrivait un accident prochainement, ça ne sera pas de mon fait», a-t-il déclaré aux «Inrocks».

Une faute politique

Une guerre de famille qui remonte au 6 juin, lorsque le président d’honneur du FN a proposé de faire «une fournée» avec le chanteur Patrick Bruel, juif et détracteur du parti. Marine Le Pen a alors déclaré le 8 juin qu’il s’agissait d’une «faute politique» et a fait retirer la vidéo du journal de bord du membre fondateur du FN (interviews filmés dans lesquels Jean-Marie Le Pen s’exprime librement sur l’actualité hebdomadaire), hébergé sur le site du parti. Ce qui a énervé son père, déclarant sur les ondes qu’il «considère que la faute politique, c’est ceux qui se sont alignés sur la pensée unique».

Lavant leur linge sale en public, père et fille ne se parleraient plus, selon une interview accordée le 10 juin au «Point». «La courtoisie ne domine pas dans cette affaire. Sur le plan affectif, je suis très blessé», a affirmé Jean-Marie Le Pen.

Eliminer le diable

Selon «Les Inrocks», «au sein du premier cercle de Marine Le Pen, tout le monde est convaincu que Jean-Marie Le Pen est le dernier obstacle à la stratégie de dédiabolisation opérée par le Front National.» La fille veut s’affranchir de l’antisémitisme et du racisme du père. Lors de la campagne présidentielle, Marine le Pen avait même pris ses distances en délocalisant son siège de campagne. Elle vient de franchir une nouvelle étape dans l’émancipation, en désavouant publiquement son père, surnommé «Le Menhir», qui ne s’est jamais excusé après ses dérapages.

Pour supprimer le diable, peut-être faudra-t-il tuer le père. Mais, selon «Les Inrocks», «c’est beaucoup plus difficile quand il s’agit de votre propre géniteur».