Irak: Obama tranchera dans les jours à venir

Pas de troupes au sol mais un éventail d’options: face à l’offensive des jihadistes en Irak, Barack Obama a annoncé qu’il trancherait dans les jours à venir, tout en réclamant un véritable dialogue politique sur place.

«Nous ne renverrons pas de troupes américaines au combat en Irak», a confirmé vendredi le président des Etats-Unis lors d’une déclaration depuis la Maison Blanche, rappelant les «sacrifices extraordinaires» de troupes américaines dans ce pays.

Les Républicains demandent l’action

Le dernier soldat américain a quitté l’Irak en décembre 2011 au terme d’un très lourd engagement militaire de plus de huit ans.

Pour répondre à l’avancée fulgurante des jihadistes de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), Barack Obama étudie «un éventail d’options pour soutenir les forces de sécurité irakiennes». Le président n’a donné aucune indication sur d’éventuelles frappes aériennes, réclamées par nombre d’élus républicains.

Menace sur les intérêts américains

Les combattants de l’EIIL avançaient jeudi vers la capitale Bagdad après s’être emparés de larges territoires du nord-ouest profitant de la débandade des forces de sécurité. «Cela représente un danger pour l’Irak et son peuple, et, étant donnée la nature de ces terroristes, cela pourrait, à terme, menacer également les intérêts américains», a souligné Barack Obama.

Vendredi, le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a affirmé que l’armée avait commencé à «nettoyer» certaines villes des jihadistes. S’il a reconnu que la situation sur le terrain évoluait très rapidement, Barack Obama a averti qu’il ne fallait pas s’attendre à une action américaine «du jour au lendemain» et que le processus de décision prendrait «plusieurs jours».

«Nous voulons nous assurer d’avoir rassemblé les renseignements nécessaires pour que, si je décide d’agir, d’une manière ou d’autre, nos actions soient ciblées, précises et efficaces».

Situation extrêmement délicate pour Obama

Elu en 2008 sur la promesse de mettre un terme à la guerre, Barack Obama, qui a fait du désengagement militaire au Moyen-Orient une de ses priorités, se retrouve dans une situation politiquement délicate sur ce dossier.

Lors de sa brève déclaration, le président américain a clairement mis en garde les dirigeants irakiens, déplorant qu’ils aient été «incapables de surmonter leur méfiance et leurs différences» ethniques ou religieuses.

«Cela a rendu le gouvernement mais aussi les forces de sécurité vulnérables», a-t-il déploré.«Sans effort politique, toute action militaire à court terme, y compris une aide que nous pourrions apporter, sera vouée à l’échec», a-t-il lancé, appelant à un véritable dialogue entre responsables modérés sunnites et chiites.

«Un problème d’état d’esprit, d’engagement»

«Personne n’a intérêt à voir l’Irak sombrer dans le chaos», a-t-il souligné. Cependant, a-t-il poursuivi, les Etats-Unis «ne peuvent tout simplement pas s’engager dans une action militaire en l’absence d’assurances de la part des Irakiens sur le fait qu’ils sont prêts à travailler ensemble».

Barack Obama a dénoncé sans détours le manque de préparation des forces de sécurité irakiennes: «Le fait qu’elles ne soient pas prêtes à se battre et à défendre leurs positions contre des terroristes certes endurcis mais qui ne sont pas en nombres écrasants, montre qu’il y a un problème d’état d’esprit, d’engagement».

Difficile évaluation de l’ampleur de la menace

Interrogé sur les effectifs de l’EIIL, John Kirby, porte-parole du Pentagone, a évoqué «quelques milliers» de combattants, tout en soulignant que toute évaluation chiffrée était difficile et «imparfaite». Vendredi, le républicain John Boehner, président de la Chambre des représentants, qui avait accusé la veille le président de «faire la sieste», a une nouvelle fois ironisé sur la lenteur de sa réaction sur ce dossier.

«Le Congrès comme le Pentagone ont averti la Maison Blanche de l’aggravation de la situation en Irak, mais pendant des mois, elle n’a presque pas bougé», a-t-il déclaré. Josh Earnest, porte-parole de l’exécutif américain, a précisé que Barack Obama n’avait pas, à ce stade, l’intention de modifier ses déplacements pour les jours à venir.

Après une étape dans une réserve indienne dans le Dakota du Nord, Barack Obama devait rejoindre vendredi soir la Californie où il doit prendre la parole devant des étudiants samedi.

(ats/afp/Newsnet)