France: Indignation après le lynchage «barbare» d’un jeune rom

François Hollande a fait part de son «indignation» mardi après le lynchage en France d’un jeune Rom dans la région parisienne. L’adolescent se trouvait toujours entre la vie et la mort après avoir été roué de coups par une douzaine de personnes qui le soupçonnaient de cambriolage.

Le garçon de 16 ans a été laissé pour mort avant d’être retrouvé vendredi au nord de Paris. Le président français a dénoncé «des actes innommables et injustifiables, qui heurtent tous les principes sur lesquels notre République est fondée». Il a demandé que «tout soit engagé pour retrouver les acteurs de cette agression».

Le Premier ministre Manuel Valls a abondé dans ce sens. Les «responsables» doivent être «retrouvés dans les délais les plus rapides pour répondre de leurs actes devant la justice», a-t-il martelé.

Appel de Bucarest

A Bucarest, le ministère roumain des affaires étrangères a demandé à la France de prendre «toutes les mesures afin d’identifier et de déférer à la justice les responsables des atrocités commises envers un mineur supposé être d’origine roumaine».

Quant au ministre français de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, il a rappelé qu’il appartenait «exclusivement aux forces de sécurité de faire respecter l’ordre public». Selon certaines informations, l’adolescent a été victime d’une opération punitive après des soupçons de cambriolage.

Quartier sensible

Le jeune Darius vivait depuis peu avec sa famille et d’autres Roms dans une maison désaffectée de Pierrefitte-sur-Seine, une ville de la banlieue nord de Paris. Il a été retrouvé vendredi en fin de soirée, inconscient, dans un chariot de supermarché abandonné près de la Cité des Poètes, un quartier sensible, selon une source policière.

«Un groupe de plusieurs personnes est venu le chercher dans le campement et l’a emmené de force», a raconté une autre source policière. L’adolescent aurait alors été séquestré dans une cave, où ses agresseurs l’auraient violemment frappé.

Selon une source proche de l’affaire, «une douzaine de personnes» auraient participé au lynchage. C’est sa mère qui a signalé l’enlèvement à la police.

Grièvement blessé, l’adolescent a été hospitalisé à Paris. «Son pronostic vital est engagé. Il est dans le coma», a précisé une source judiciaire.

«Terrifiante conséquence»

Selon le maire de Pierrefitte-sur-Seine, Michel Fourcade, plusieurs voitures ont dernièrement eu leurs vitres cassées et été cambriolées dans la Cité des Poètes. Ces délits ont suscité la rancœur des habitants envers les Roms, accusés d’être les auteurs de ces vols.

De nombreuses associations ont fait le lien entre l’agression de Darius et la stigmatisation dont sont victimes les Roms. «C’est la terrifiante conséquence de plusieurs années de politiques publiques inefficaces et de prises de paroles d’élus, de représentants de l’Etat, mais aussi de nombreux médias, entretenant et surfant sur un climat malsain», a ainsi réagi Romeurope.

L’an dernier, alors qu’il était ministre de l’Intérieur, Manuel Valls avait créé une vive polémique pour avoir déclaré que «les Roms ont vocation à rester en Roumanie ou à y retourner». Il avait aussi évoqué «des modes de vie extrêmement différents des nôtres, qui évidemment sont en confrontation». Ces propos avaient heurté jusque dans les rangs de la majorité de gauche.

Contexte d’expulsions forcées

Selon une récente enquête, 85% des Français pensent que les Roms exploitent leurs enfants, et 78% qu’ils vivent essentiellement de vols et de trafics.

Pour Amnesty international (AI), l’agression du jeune Rom s’inscrit «dans un contexte d’expulsions forcées qui jettent à la rue Roms et migrants, les condamnant ainsi à l’errance et à des conditions de vie extrêmement précaires, les exposant à davantage de violences».

(ats/Newsnet)