Thailande: L’ex-président crée un groupe anti-junte depuis l’étranger

La junte militaire ayant pris le pouvoir le 22 mai a depuis interdit les manifestations. Elle a fait signer à de nombreux politiciens un engagement écrit à se retirer de la politique, entre autres restrictions des libertés civiles.

«La junte a violé la loi, abusé des principes démocratiques et détruit vos droits, libertés et dignité humaine», dit l’ex-président Jarupong Ruangsuwan, depuis son exil volontaire dans un pays tenu secret, dans un texte annonçant la création de ce groupe.

Jarupong, ancien ministre influent du gouvernement de Yingluck Shinawatra, dirige désormais l’«Organisation des Thaïlandais libres pour les droits de l’Homme et la démocratie».

Celle-ci regroupe d’anciens députés, universitaires et responsables des Chemises rouges, puissant mouvement soutenant Thaksin Shinawatra, frère de Yingluck, dont les formations ont gagné toutes les élections nationales en Thaïlande depuis 2001. Jaruporn dénonce dans son texte la prise de pouvoir par les militaires comme un «grand larcin».

«Soutien psychologique»

«Nous apporterons un soutien psychologique aux opposants au coup d’Etat, les groupes démocratiques à l’intérieur et à l’extérieur de la Thaïlande», a précisé Jakrapob Penkair, qui fut porte-parole du gouvernement de Thaksin (victime d’un précédent coup d’Etat en 2006), lors d’un entretien depuis Londres.

Le milliardaire Thaksin Shinawatra ne fait pas partie de ce «lobby» anti-junte, assure Jakrapob.

Depuis le coup d’Etat du 22 mai, le Puea Thai, vainqueur des législatives de 2011, avait gardé un profil bas. Soit que ses dirigeants aient dû s’engager par écrit à se retirer de la politique comme l’ex-Première ministre Yingluck Shinawatra, soit qu’ils aient choisi de se cacher.

Appel à la délation

La junte militaire a lancé lundi un appel au grand public à dénoncer tout manifestant d’opposition, en lui fournissant photos et vidéos, contre récompense. Il s’agit de la dernière annonce de restriction des libertés publiques dans le royaume.

Les opposants à la junte organisent depuis le coup d’Etat du 22 mai des opérations symboliques, comme des lectures de «1984» de George Orwell, qui aboutissent souvent à des interpellations.

L’armée, qui a suspendu la Constitution et exclu des élections avant un an, a expliqué avoir pris le pouvoir pour restaurer l’ordre public après sept mois de manifestations meurtrières contre le gouvernement de Yingluck. Le coup d’Etat a été largement critiqué par la communauté internationale. L’Union européenne a ainsi décidé lundi de réduire sa coopération avec la Thaïlande.

Au coeur du conflit politique, la domination de la scène politique depuis 2001 des partis créés par Thaksin, mal supportée par les élites traditionnelles proches du palais, parmi lesquelles l’armée, selon les analystes.

(ats/afp/Newsnet)