
Le président ukrainien Petro Porochenko a annoncé dans la nuit de lundi à mardi la fin du cessez-le-feu dans l’est du pays, où les forces gouvernementales font face aux séparatistes prorusses. Il a promis que les forces ukrainiennes passeraient à l’offensive «pour libérer (notre) terre».
Dénonçant les «activités criminelles» des rebelles, qui ont, selon lui, fait échouer le plan de paix, il n’abandonne pas pour autant le plan de paix et reste prêt à y revenir. La trêve avait été prolongée de trente-six heures vendredi soir. Elle arrivait à expiration lundi à 22 heures (21 heures, en Suisse).
«Après avoir examiné la situation, j’ai décidé, en tant que commandant en chef des forces armées, de ne pas prolonger le régime de cessez-le-feu unilatéral», a déclaré Petro Porochenko dans une adresse à la nation lue à la télévision peu avant 1 heure du matin (minuit en Suisse).
Sa déclaration signait l’échec des efforts de Moscou et des Européens, représentés par Berlin et Paris, qui avaient cherché lundi à le pousser à préserver le cessez-le-feu. «Nous allons attaquer» les séparatistes qui contrôlent depuis plus de deux mois une grande partie des régions de Donetsk et Lougansk, a ajouté le président ukrainien, sur un ton grave et résolu.
Russie pas mentionnée
Il a rejeté la responsabilité de cette situation sur les rebelles, sans jamais mettre en cause ni même mentionner la Russie, considérée par Kiev et l’Occident comme étant en grande partie responsable de l’agitation séparatiste.
«La chance unique d’appliquer le plan de paix n’a pas été saisie. Cela est dû aux actions criminelles des combattants (séparatistes). Ils ont proclamé publiquement leur refus de soutenir le plan de paix en général et le cessez-le-feu en particulier», a expliqué Petro Porochenko.
«Nous sommes même prêts à revenir au régime de cessez-le-feu à tout moment, quand nous verrons que toutes les parties s’attachent à appliquer les points essentiels de ce plan de paix», a dit Petro Porochenko. Il a cité la libération des «otages» des séparatistes et a aussi demandé que «de l’autre côté de la frontière (côté russe – ndlr) s’allume un feu rouge pour les saboteurs et les fournisseurs d’armes» et que la frontière, elle-même, soit surveillée par l’OSCE.
Cherchant à rassurer les habitants des régions séparatistes, dont l’exode a pris de l’ampleur ces dernières semaines, il a promis que les forces ukrainiennes ne tireraient jamais sur les quartiers résidentiels. Il aussi affirmé que ceux qui viendraient spontanément déposer les armes ne seraient pas poursuivis en justice.
Trêve souvent violée
Petro Porochenko était confronté à la fois aux pressions russes et occidentales et à une opinion publique favorable à la reprise des opérations militaires contre les séparatistes parce que convaincue que la suspension des combats permet à ces derniers de recevoir de nouveaux renforts de Russie.
Pour satisfaire cette dernière, il aurait dû pouvoir présenter des perspectives réalistes d’une fin rapide du conflit au cours duquel les Ukrainiens se sont sentis humiliés par des séparatistes prorusses bien armés et entraînés.
Le cessez-le-feu, décrété par Kiev il y a dix jours et accepté ensuite par les rebelles, avait été violé à plusieurs reprises au cours de combats sporadiques, dont les deux parties se sont rejetées la responsabilité. Selon Kiev, durant ces dix jours 27 soldats ukrainiens ont été tués et 69 blessés.
(afp/Newsnet)