
Plusieurs victimes auraient succombé par asphyxie, ont annoncé lundi les agences italiennes, citant la marine et les garde-côtes. Quelque 5000 personnes ont été secourues le week-end passé.
«Dimanche après-midi, au cours d’une opération de secours et d’inspection d’une embarcation, une trentaine de cadavres ont été découverts dans la partie avant», a précisé lundi un communiqué de la marine militaire, confirmant des informations des médias italiens.
«Le personnel médical intervenu sur les lieux a déclaré que les causes des décès sont (…) probablement l’asphyxie et la noyade et a déconseillé d’enlever les corps en raison de l’étroitesse de l’espace», poursuit le communiqué. La marine a confirmé la possibilité que l’embarcation ait pris l’eau, ce qui expliquerait que certains réfugiés sont morts noyés et d’autres asphyxiés.
Plusieurs centaines de personnes se trouvant sur l’embarcation avec les cadavres devaient arriver lundi en fin d’après-midi dans le port de Pozzallo, en Sicile, tandis que le débarquement des corps des victimes était prévu mardi matin. «C’est une situation d’urgence que nous ne pouvons pas affronter seuls», a mis en garde Luigi Ammatuna, le maire de Pozzallo. Il a affirmé que le cimetière local ne pouvait pas accueillir, faute d’espace adéquat, les trente cadavres.
«Il est également impossible d’accueillir les quelque 900 immigrés sur le point d’arriver car les centres d’accueil de notre zone sont tous remplis», a-t-il ajouté.
La Ligue du Nord réagit
Cette découverte macabre a provoqué la colère du parti anti-immigrés de la Ligue du Nord qui a dénoncé «les chemises ensanglantées» du chef du gouvernement Matteo Renzi et de son ministre de l’Intérieur Angelino Alfano.
«Trente nouveaux morts sur une embarcation. Trente morts de plus sur la conscience» de ceux qui défendent l’opération «Mare Nostrum», a écrit sur son compte Facebook Matteo Salvini, le chef de la Ligue du Nord. L’opération «Mare Nostrum» a été lancée par l’Italie en 2013 après deux terribles naufrages, l’un près de Lampedusa, l’autre près de Malte ayant fait au moins 400 morts. «Il faut arrêter les départs, les aider chez eux», a encore précisé Matteo Salvini.
La Ligue du Nord, comme d’autres partis membres de la droite italienne, estime que cette opération encourage les départs d’immigrés vers l’Italie, tandis que le gouvernement de gauche de Matteo Renzi, soutenu par son allié de centre-droit, le NCD dont Angelino Alfano est le chef, assure que cette opération est indispensable et ne vise qu’à sauver des vies humaines.
Ce n’est pas la première fois que des sauveteurs retrouvent des corps de migrants à bord de navires secourus en pleine mer dans le canal de Sicile, mais jamais jusqu’ici en si grand nombre. Le 14 juin dernier, dix migrants s’étaient noyés dans le naufrage de leur embarcation à seulement 40 miles (environ 70 km) des côtes libyennes où la marine italienne était venue leur porter secours.
Réfugiés secourus
Près de 5500 réfugiés ont par ailleurs été secourus pendant le week-end par la marine militaire et deux cargos. Depuis le début de l’année, selon les autorités, plus de 65’000 migrants et réfugiés, en incluant les 5000 de ce week-end, fuyant les guerres ou la pauvreté, ont débarqué en Italie.
Le record de 2011, où le nombre de migrants avait atteint les 63’000 personnes en raison des printemps arabes, pourrait donc déjà être dépassé, alors que l’été ne fait que débuter et que le beau temps pourrait inciter des dizaines de milliers de réfugiés à tenter la traversée.
L’Italie a obtenu un renforcement de Frontex, l’agence de surveillance des frontières européennes, et des aides supplémentaires pour gérer l’afflux de migrants. Mais Rome voudrait de l’Union européenne, et en particulier des pays du nord de l’Europe, une plus grande solidarité dans l’effort d’accueil des immigrés.
(ats/Newsnet)