Situation à Gaza: réunion d’urgence à l’ONU

Le Conseil de sécurité de l’ONU tiendra jeudi matin une réunion d’urgence sur la situation à Gaza, a annoncé mercredi la présidence rwandaise du Conseil.

La séance, qui commencera à 10 heures (16 heures en Suisse), consistera en un exposé public de la situation par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, suivie de consultations à huis clos entre les 15 pays membres du Conseil.

Un engrenage de violences incontrôlé

Israël et le Hamas palestinien étaient pris mercredi dans un engrenage incontrôlé, avec l’intensification des raids aériens sur Gaza qui ont fait 28 morts et des tirs de roquettes en direction de grandes villes et d’un site nucléaire israéliens.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a menacé «d’intensifier les attaques contre le Hamas et les autres groupes terroristes à Gaza», après le lancement mardi par son armée d’une offensive aérienne contre l’enclave palestinienne qui a coûté la vie au total à 48 Palestiniens, dont un grand nombre de civils.

Menace d’offensive terrestre

Cette offensive n’a pas néanmoins réussi à faire cesser les salves de roquettes tirées par les combattants à Gaza, qui ont montré leur force de frappe en atteignant les régions de Jérusalem, de Tel-Aviv, Haïfa, à une distance record de plus de 160 km de Gaza, ainsi que la région de Dimona (sud) où Israël a une centrale nucléaire.

Il n’y a pas eu de victimes israéliennes. Les chars israéliens étaient massés à la frontière entre le sud d’Israël et Gaza, alors que Benjamin Netanyahu est sous forte pression de ses ministres faucons pour lancer une offensive terrestre contre le territoire palestinien d’où l’armée israélienne s’est retirée en 2005.

Meurtres de trois Israéliens, puis d’un jeune Palestinien

Ce nouveau cycle de violences est le plus grave depuis une offensive israélienne contre Gaza fin 2012, dont l’objectif était aussi de faire cesser les tirs de roquettes palestiniennes.

Il a été enclenché après le rapt le 12 juin dernier puis le meurtre de trois étudiants israéliens en Cisjordanie, attribué par Israël au Hamas, suivi de l’assassinat d’un jeune Palestinien brûlé vif à Jérusalem par des jeunes extrémistes de droite juifs.A l’étranger, les Etats-Unis et l’Union européenne ont appelé à la retenue, alors que l’Egypte a minimisé les attentes d’une possible médiation et que la Jordanie a demandé l’arrêt de «l’agression barbare» israélienne.

«L’opération que nous avons lancée va s’étendre dans les prochains jours», a néanmoins averti le porte-parole de l’armée israélienne, le général Moti Almoz.

«Génocide» dénoncé par Abbas

Le président israélien sortant Shimon Peres a prévenu que la possibilité d’une opération terrestre se rapprochait, selon le texte d’un entretien à la châine CNN publié par ses services. Cela «pourrait arriver bientôt».

Dans le camp opposé, le président palestinien Mahmoud Abbas, qui a conclu un accord de réconcilitaion avec le Hamas en avril, a accusé Israël de commettre un «génocide» à Gaza, disant être en contact avec l’ONU pour tenter de faire cesser l’offensive. Au total, l’armée a dit avoir ciblé «550 sites du Hamas», qui contrôle Gaza depuis 2007, y compris 31 tunnels et 60 lance-roquettes.

Mais des habitations ont également été touchées. Le raid le plus meurtrier a eu lieu dans le nord de Gaza: un commandant local du Jihad islamique, Hafez Hammad, a péri dans la destruction de sa maison, avec cinq membres de sa famille, dont deux femmes et une adolescente.

«Le monde entier reste assis et regarde»

«C’est un véritable massacre par des F-16 contre des enfants et des civils et le monde entier reste assis et regarde», s’est indigné un voisin, Yasser Abou Awda. Au moins 48 Palestiniens ont été tués depuis le début de l’opération «Protective Edge» («Bordure protectrice»), dont 28 mercredi, parmi lesquels 15 femmes et enfants, dans les raids aériens qui se poursuivaient en soirée, selon des sources médicales.

370 Palestiniens ont été blessés. De leur côté, les organisations paramilitaires de Gaza -principalement les branches armées du Hamas et du Jihad islamique- ont tiré plus de 50 roquettes sur Israël mercredi dont plus d’une dizaine ont été interceptées par la défense anti-aérienne Iron Dome.

Le Hamas créé la «surprise»

Deux sont pour la première fois tombées au large du port de Haïfa, le Hamas créant la «surprise» en parvenant à tirer des roquettes à plus de 160 km de Gaza, soit l’objectif le plus éloigné jamais touché par un projectile palestinien.

Deux autres tirées en direction de Tel-Aviv, le coeur économique d’Israël, ont été interceptées mais les sirènes ont provoquéla panique parmi les passants dont certains se sont abrités derrière des voitures ou des abribus.En soirée, deux roquettes sont tombées sur Dimona et une troisième a été interceptée par Irone Dome, selon l’armée.

Mobilisation de 40’000 réservistes israéliens

La veille, Tel-Aviv, déjà, et la région de Jérusalem avaient été la cible de roquettes de longue portée M75 -version locale du modèle iranien Fajr-5 d’une portée de 80 km-, pour la première fois depuis 2012. «L’armée, sur instruction du gouvernement, est prête à lancer si nécessaire une opération terrestre.

C’est dans ce but que des ordres de mobilisation de 40’000 réservistes ont été donnés», a dit le ministre de l’Environnement Gilad Erdan. Selon lui, «Il faut qu’à la fin des combats, le Hamas ne dispose plus de moyens de production de roquettes». Le vice-ministre de la Défense, Danny Danon, un faucon, a plaidé pour qu’Israël cesse ses approvisionnements en électricité et en carburant à Gaza.

«Nous devons utiliser tous les moyens à notre disposition pour faire pression sur le Hamas pour qu’il mette inconditionnellement fin à ses attaques».

(afp/Newsnet)