[COMMENTAIRE] « Wotowat » Macky Sall !

Au Sénégal, les spécialistes du droit ont soutenu que le Président de la République peut nommer aux fonctions civiles et militaires. Mais tous ont souligné que pour les fonctions électives, d’autres éléments entrent en jeu.

Macky Sall, ont pesté des jeunes de l’Apr de Tambacounda, leur aurait dicté deux noms pour diriger la Mairie et le Conseil Départemental de Tambacounda. Mon intime conviction est et demeure qu’il les aurait proposés pour le compte de son parti car, seul le conseil municipal ou départemental est souverain pour ce faire, lui et ses lieutenants le savent mieux que quiconque.

En convoquant à Dakar les ténors locaux de l’Apr ce samedi 12 juillet pour arrondir les angles, Macky Sall ou ses lieutenants ont sabré la coalition Benno Bokk Yaakaar de Tambacounda. Lui et ses lieutenants l’ont davantage fait quand ils ont proposé un candidat maire et un autre pour le conseil départemental, tous les deux au nom de l’Apr. Macky Sall ou ses lieutenants ont-ils perdu de vue que si les alliés qu’ils ont méprisés et manqué ainsi de respect et de considération avaient fait cause commune avec le Psa, ses hommes allaient mordre la poussière ou boire le calice jusqu’à la lie ? Apparemment non, car ces deux actes précités illustrent à bien des égards à quel point ils ont réduit cette frange des militants de l’Afp, ces militants de la Ld ou encore et surtout ceux du parti socialiste au statut de porteurs de seaux d’eau qui n’avaient aucune ambition.

Quand Macky Sall ou ses lieutenants désignent deux individus pour présider aux destinées des conseils municipal et départemental, cela voudrait dire en des termes peu savants que son parti est majoritaire dans ces différents ordres de collectivités locales. Or, les statisticiens politiques laisseront entendre le contraire. Ils signifieront qu’au sein du conseil municipal, c’est Benno Bokk Yaakaar qu’ils semblent ranger dans les placards, qui fait la majorité et non l’Apr. Si par extraordinaire, les conseillers alliés se liguaient à ceux de l’opposition, les candidats de Macky Sall ou de ses lieutenants ne verraient que du feu. Et puis qui peut jurer que les choix de Macky Sall ou de ses lieutenants sont les meilleurs pour un Tambacounda émergent chanté sous tous les toits ?

Pourquoi ne pas en faire une affaire strictement Tambacoundo-Tambacoundoise et laisser libre cours aux conseillers municipaux de choisir ceux qu’ils pensent être les plus indiqués pour présider aux destinées de la mairie et du conseil départemental.

Tout le monde sait que les « Apéristes » du Sénégal ne sont d’accord que sur leur désaccord mais cela est-il une raison suffisante pour faire des candidats de l’Apr « des moins que rien ». Il faut rompre avec cette fâcheuse tradition consistant à s’ériger en directeur des consciences.

Les Tambacoundois ont élu au suffrage universel direct 70 conseillers municipaux et 46 départementaux le 29 juin dernier. Ce sont des conseils de Tambacounda et non d’un parti ou d’une coalition de partis. Le maire ou le président du conseil départemental pourrait émaner de l’opposition comme de la majorité ou encore des non alignés ! Il n’est écrit ni dans la loi fondamentale du pays, ni nul part ailleurs que le président du conseil municipal ou départemental doit nécessairement venir de la majorité.

« Wotowat » Macky Sall, les 70 conseillers municipaux et les 46 départementaux prendront leurs responsabilités. Ce sont eux que les Tambacoundois ont élu en connaissance de cause. S’ils estiment que seul Samba Touré Gningue peut valablement porter leur projet de développement socio-économique dans la commune de Tambacounda, eh bien ils en seront les seuls comptables devant les populations.

Le jeu démocratique a ses exigences qui ne sont pas toujours forcément celles des tenants du pouvoir.

Ousmane DIA / Gestionnaire et médiateur culturel / Professeur d’Arts Visuels et d’Éducation aux médias à Genève /