
Ce sont les bonnes feuilles d’un brûlot explosif que nos confrères d’Enquête nous proposent dans leur livraison de ce lundi 14 juillet 2014. Il s’agit de l’ouvrage commis par l’ancien commandant en second de la gendarmerie nationale, le colonel Abdou Aziz Ndaw, et intitulé : ” Pour l’honneur de la gendarmerie nationale “. Dans cet ouvrage, le colonel Ndaw fait des révélations fracassantes sur la gestion du dossier de la guerre en Casamance sous le règne d’Abdoulaye Wade. Gestion qui se déclinait entre mensonges, manipulations, pots-de-vins et, probablement, meurtre.
” Jamais, à ma connaissance, le Mfdc (N.d.r. : Mouvement des Forces démocratiques de Casamance) n’a pu occuper et fortifier des positions, violer le sanctuaire national, si ce n’est avec la complicité coupable du Général (N.d.r. : Fall) qui fait croire à l’Etat l’imminence d’un Cessez-le-feu et d’un Accord de paix “, écrit le Colonel à la page 98. Avant d’enfoncer le clou : ” les services de renseignements se taisaient sur la Casamance ou bien recevaient les foudres du Général Fall, qui mentait et manipulait le chef de l’Etat. Le vieux président croyait, effectivement, que la paix était proche. Les militaires ne mourraient plus et la presse ne se faisait plus l’écho d’une Casamance meurtrie et assombrie “.
Et derrière, le général Abdoulaye Fall et ses sbires récoltaient beaucoup d’argent. ” Deux cents millions étaient fournis mensuellement au Général et à ses neveux gendarmes qu’il employait comme agents de liaison avec la Casamance et distributeurs de liasses pour corrompre des groupes de notables et de prétendus rebelles “, informe le colonel Abdou Aziz Ndaw. La gestion de l’assassinat d’Omar Lamine Badji, l’ancien Président du Conseil régional de Ziguinchor, est significative de la nébuleuse entretenue sciemment par l’ancien Chef d’état major particulier du chef de l’Etat autour de la rébellion casamançaise, si on en croit les allégations du Colonel.
La gendarmerie, on le sait, avait, sous la direction du commandant de Légion, Meissa Niang, arrêté un certain Abba Diedhiou, identifié comme complice des meurtriers. Alors que le colonel Ndaw se félicitait de l’avancée significative dans ce dossier, le général Abdoulaye Fall ordonna de dessaisir les hommes de Niang, au profit de la Section de Recherches de la Gendarmerie établie à Dakar. Selon le colonel Ndaw, il lui a été rapporté officiellement qu’Abba Diedhiou est mort dans les locaux de la gendarmerie au moment où il était entre les mains des éléments de la Section de Recherches. Assassinat, ” pour lui clouer le bec”, ou mort des suites d’une torture, s’interroge le Colonel ? Toujours est-il que lorsque le Colonel donna ordre à la Légion d’ouvrir une enquête sur la mort d’Abba Diedhiou et s’en ouvrit au général Abdoulaye Fall, ce dernier lui ” demanda de le laisser faire et que lui-même conduirait cette affaire très sensible “. On connaît la version officielle : Abba Diedhiou est mort en voulant sauter du véhicule de son transfèrement et se serait heurté mortellement le crâne contre la chaussée. ” Aucune enquête, aucune autopsie n’était entreprise, le Général mit tout son poids dans la balance et cette affaire était classée sans suite et avec la thèse de l’accident “, se désole le colonel A. Ndaw.
(newsnet)