
Les drapeaux étaient en berne vendredi aux Pays-Bas au lendemain du crash du Boeing 777 de la Malaysia Airlines ayant fait 298 morts.
Une équipe du Bureau néerlandais pour la sécurité est partie pour l’Ukraine, avec le ministre des Affaires étrangères Frans Timmermans, afin d’enquêter sur un drame qui a coûté la vie à 189 de leurs compatriotes.
L’accès contrôlé par les séparatistes
A l’ONU, le Conseil de sécurité a réclamé une enquête internationale «exhaustive, minutieuse et indépendante». Il demande à toutes les parties de garantir aux enquêteurs un accès libre au site, et exige que les responsabilités soient établies. Interpol a annoncé envoyer sous 48 heures une cellule de crise pour aider à l’identification des victimes.
Le FBI et l’autorité américaine des transports, le Bureau national de la sécurité dans les transports (NTSB), ont dit eux aussi s’apprêter à envoyer des enquêteurs sur le site du crash.
Une trentaine d’observateurs et d’experts de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) sont arrivés sur place dans la journée. Les séparatistes prorusses avaient accepté d’ouvrir un accès sûr et sans entraves, mais l’OSCE n’a pu établir de corridor de sécurité pour accéder au site, a déploré Thomas Greminger, président du conseil permanent de l’organisation.
Hommes ivres
«Ils n’ont pas eu les possibilités d’accès qu’ils attendaient. Ils n’ont pas la liberté de mouvement nécessaire pour faire leur travail. Le site n’est pas bouclé», a expliqué le diplomate suisse à Reuters. Les 17 observateurs de l’OSCE sont restés 75 minutes puis retournés à Donetsk. L’équipe tentera de revenir samedi.
Des hommes armés ont empêché les observateurs de travailler, selon un porte-parole de l’OSCE. Ce dernier a dénoncé «l’impolitesse» et «le manque de professionnalisme» de ces hommes, dont certains semblaient «légèrement ivres». L’un d’eux a même tiré en l’air, apparemment pour écarter des civils, a-t-il ajouté.
Boîtes noires
En milieu de journée, les services de secours ukrainiens ont dit avoir retrouvé les deux boîtes noires de l’appareil, a rapporté l’agence Interfax-Ukraine.
Malaysia Airlines a fait savoir que le Boeing 777 avait un carnet d’entretien en ordre. «Tous les systèmes de communication de l’avion fonctionnaient normalement», a indiqué Huib Gorter, vice-président de la branche Europe de Malaysia Airlines.
Nombreux spécialistes du VIH à bord
Les familles des victimes recevront 5000 euros (6075 francs) «pour parer à leurs besoins les plus urgents», a précisé Huib Gorter. Ceux qui le désirent pourront être transportés vers Kiev, dans un avion Malaysia Airlines, puis par la route vers la zone du crash.
Parmi les passagers se trouvaient certains des plus éminents experts du VIH, dont le professeur Joep Lange, qui se rendaient à une conférence internationale sur le sida à Melbourne, en Australie.
Moscou pointé du doigt
Le Premier ministre australien Tony Abbott a pointé Moscou du doigt. Il a prié le Kremlin de répondre aux questions concernant les séparatistes, soutenus par la Russie, qui ont selon lui abattu l’avion.
Les responsables du tir contre l’avion malaisien doivent être jugés devant la Cour pénale internationale de La Haye, a demandé de son côté Arseni Iatseniouk. Le Premier ministre ukrainien a d’ores et déjà accusé Moscou de «crime international».
Quel rôle joué par la Russie?
L’avion qui s’est écrasé dans l’est de l’Ukraine a été «probablement abattu par un missile sol-air» SA-11 de l’époque soviétique, tiré d’une «zone tenue par les séparatistes» prorusses, selon l’ambassadrice américaine à l’ONU. Une thèse désormais partagée par l’exécutif britannique, selon un porte-parole du Premier ministre David Cameron.
«En raison de la complexité technique du SA-11, il est peu probable que les séparatistes puissent faire fonctionner efficacement ce système sans l’assistance d’un personnel possédant des connaissances approfondies. Nous ne pouvons donc exclure l’assistance technique de personnels russes», a estimé Samantha Power devant le Conseil de sécurité.
«Conclusion hâtive»
L’ambassadeur russe à l’ONU, Vitali Tchourkine, lui a répondu: «il ne faut pas exercer de pressions sur cette enquête, en essayant de préjuger de son résultat par de vagues déclarations et insinuations qui ne se justifient pas dans une situation aussi difficile».
Il est important d’enquêter «de façon sérieuse, indépendante et objective» sur le crash, a souligné Didier Burkhalter. Le président de l’OSCE et de la Confédération a mis en garde contre toute conclusion hâtive dans un entretien avec la RTS.
L’agence Chine nouvelle a de son côté estimé que les pays occidentaux, Etats-Unis et Australie en tête, avaient vite fait d’impliquer la Russie dans la destruction de l’appareil.
(ats/Newsnet)