UKRAINE: Le Premier ministre ukrainien démissionne

Le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, a annoncé jeudi sa démission, qui survient en plein conflit armé avec les séparatistes prorusses, tandis que les problèmes nés du crash de l’avion de ligne malaisien sont loin d’être réglés. Intervenant de surcroit sur fond de crise économique, la démission de Arseni Iatseniouk – qui doit être encore approuvée par le Parlement pour devenir effective – semble causée par une divergence avec le président, Petro Porochenko, concernant la stratégie politique de la majorité gouvernementale.

Le chef de l’Etat s’est montré favorable à la disparition de la coalition actuelle pour aller vers des élections législatives anticipées alors que son Premier ministre, très apprécié des Occidentaux, trouvait que le moment n’était pas bien choisi, vu la situation de l’Ukraine. «J’annonce ma démission compte tenu de la dislocation de la coalition parlementaire, qui bloque les initiatives gouvernementales», a déclaré Arseni Iatseniouk au Parlement.

La dissolution de la coalition «aura des conséquences dramatiques pour le pays», a-t-il mis en garde. «Qui votera des lois impopulaires en ayant en tête les élections ?», s’est-il interrogé.

Crise politique inattendue

«Il est inacceptable d’échanger le sort du pays contre des intérêts politiques étroits. C’est un crime moral et politique», a affirmé l’homme politique, sans jamais citer le chef de l’Etat

Arseni Iatseniouk est membre du parti Batkivchtchina de Ioulia Timochenko, la plus importante force de la coalition et qui est opposée à des législatives anticipées.

Pendant que Kiev est secoué par cette crise politique inattendue, les combats entre loyalistes et rebelles prorusses s’intensifient et les accusations d’implication directe des forces de Moscou dans le conflit pleuvent.

Des policiers armés sur le site du crash

De leur côté, l’Australie et les Pays-Bas cherchent à envoyer des policiers armés sur le site du crash du Boeing du vol MH17.

Deux avions, un néerlandais et un australien, qui transportaient au total 74 cercueils, ont atterri jeudi aux Pays-Bas, un jour après l’arrivée des 40 premiers corps. La chute, le 17 juillet, du Boeing, abattu par un missile tiré selon les Etats-Unis d’une zone contrôlée par les insurgés, avait fait 298 morts.

Annonçant que l’Australie était prête à déployer ses policiers sous la direction de l’ONU pour sécuriser la zone de l’impact, le Premier ministre, Tony Abbott, a estimé qu’il fallait encore y procéder à des recherches rigoureuses.

«Toujours pas de fouilles professionnelles efficaces»

«Il est toujours clair que, sur le site, rien ne se fait sans l’accord des mêmes rebelles armés qui ont abattu cet avion», a-t-il dit. «Il n’y a toujours pas eu de fouilles professionnelles efficaces dans la zone où l’avion est tombé et ce n’est pas possible tant que le site est contrôlé par des hommes armés qui ont intérêt à influer sur le résultat de l’enquête», a-t-il poursuivi.

M. Abbott, dont 28 de ses concitoyens étaient à bord de l’avion malaisien, a déclaré que 50 policiers australiens étaient prêts à partir de Londres.

De leur côté, les autorités néerlandaises travaillent sur une nouvelle résolution de l’ONU concernant l’envoi d’une mission armée pour sécuriser le site, selon l’agence nationale de presse ANP.

Les combats continuent

Sur le terrain, les combats semblent porter surtout sur le contrôle de la frontière russo-ukrainienne, dont les séparatistes occupent une partie, ce qui leur permet, selon Kiev, de recevoir des renforts de Russie, y compris chars et autres blindés.

L’armée ukrainienne a indiqué avoir perdu quatre hommes au cours des dernières 24 heures.

Selon des indications de source rebelle, impossibles à confirmer de sources indépendantes, une unité de parachutistes de la 25e Brigade aéroportée des forces loyalistes est encerclée à proximité de la frontière russe. C’est pour débloquer cette unité que Kiev aurait envoyé la veille quatre chasseurs Soukhoï, dont deux ont été abattus.

La Russie indirectement accusée

Quelques heures avant sa démission, le Premier ministre Iatseniouk a indirectement accusé la Russie d’avoir causé la destruction d’au moins un de ces appareils.

«Le deuxième chasseur a été probablement abattu par un missile air-air. Cela veut dire qu’il a été abattu par un autre chasseur qui n’était certainement pas ukrainien», a dit le chef du gouvernement.

Autre signe indirect de la tension croissante, les insurgés ont annoncé aux journalistes travaillant sur leur territoire qu’il leur était désormais interdit de s’approcher des zones de combat et même des points de contrôle sans autorisation ponctuelle préalable de leur «ministère de la Défense».

Des problèmes de sécurité semblent également freiner le travail des enquêteurs internationaux chargés de faire la lumière sur la chute de l’avion de ligne malaisien.

Cependant, la mission de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) a signalé sur son compte Twitter que ses observateurs avaient pu partir jeudi matin pour le site du crash, à Grabove, en zone rebelle, avec des experts malaisiens et australiens.

(afp/Newsnet)