
Mercredi, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a voté une résolution à charge contre Israël réclamant l’ouverture d’une commission d’enquête internationale sur les événements de Gaza. Face aux lourdes accusations portées devant l’enceinte onusienne, Eviatar Manor, ambassadeur d’Israël à Genève, oppose le droit à la légitime défense.
Quand s’arrêtera l’opération militaire menée par Tsahal?
Cette opération vise à ramener la sécurité. Notre objectif sera atteint lorsque le Hamas sera désarmé et dans l’incapacité pour un bon moment de renouveler ses tirs sur notre population civile. Nous avons deux problèmes: les 10 000 roquettes dont une grande partie ont été importées de Syrie et d’Iran et les tunnels. On a vu que des groupes de 13 à 15 combattants pouvaient sortir de terre pour mener des attaques. Un de ces tunnels débouchait près d’un kibboutz. Les combattants du Hamas l’ont utilisé pour s’infiltrer sur le territoire israélien, et grâce à notre armée qui les a interceptés, le carnage a été évité.
Que répondez-vous lorsque l’on vous accuse de ne pas répliquer avec proportionnalité?
La proportionnalité, ce n’est pas quelque chose d’arithmétique. Il faut regarder l’intention. Quand le Hamas tire sur Israël, il le fait indistinctement. Si nous n’avions pas la chance d’avoir une technologie qui nous protège avec le dôme de fer, le bilan serait sans doute très lourd parmi la population civile israélienne. C’est très facile de venir nous reprocher aujourd’hui de ne pas mener des actions proportionnées. Lorsque nous menons des attaques sur Gaza, c’est toujours pour détruire des cibles précises.
Mais vous savez que le coût humain est très élevé et qu’il émeut la communauté internationale…
C’est la responsabilité du Hamas qui a caché ses armes, ses missiles ses infrastructures et ses postes de commande dans des maisons, sous des mosquées, dans des écoles et des hôpitaux. Il a utilisé la population comme bouclier humain. Nous avons toujours prévenu les populations avant de lancer nos opérations. C’est le Hamas qui a mis la pression sur les habitants de Gaza pour qu’ils ne quittent pas les zones de combats.
Cela peut-il justifier le tir qui a fait quinze morts dans une école gérée par l’ONU?
L’armée avait appelé à évacuer l’endroit. Durant l’après-midi, plusieurs roquettes lancées par le Hamas depuis la bande de Gaza sont tombées dans le secteur de Beit Hanoun. Il est possible que ce soit un projectile tiré par le Hamas qui soit tombé sur le bâtiment. Quoi qu’il en soit, que ce soit pour cette attaque comme pour les autres, Israël ouvrira une enquête.
Comment peut-on sortir de cette crise? Qui peut aider?
L’Egypte, le Qatar et les Etats-Unis essaient de jouer un rôle. Il y a beaucoup d’autres tentatives mais c’est compliqué. Le Hamas cherche à obtenir une ‘photo de victoire’, et la victoire sera proclamée dans un de ces deux cas de figure: soit que ses missiles atteignent un de nos bâtiments et fassent un grand nombre de morts, soit que l’un de nos obus tue un grand nombre de Palestiniens. Il n’a pas l‘intention d’arrêter tant qu’il n’obtiendra pas cette ‘photo de victoire’. La seule chose qui peut l’arrêter c’est la crainte de voir toutes ses infrastructures totalement anéanties.
Le texte de la résolution adoptée par le Conseil des droits de l’homme mercredi est très dur à l’égard d’Israël. Comment réagissez-vous?
C’est une résolution contre-productive qui vient jeter de l’huile sur le feu. Le nom du Hamas n’est même pas cite. Cela n’aide pas le processus politique. Elle a été portée et adoptée par les pays arabes, musulmans et ceux qui les soutiennent, et qui sont majoritaires au sein du Conseil. Pour certains de ces pays les droits de l’homme ne sont qu’un slogan.
La Haut-Commissaire Navi Pillay a également eu des propos très durs à votre égard…
Elle parle facilement de ce qu’elle considère comme des crimes de guerre commis par Israël mais elle oublie de parler des attaques menées par le Hamas et qui visent des civils. Ce qui nous a encouragés c’est que les pays qui sont les vrais défenseurs des droits de l’homme, où on ne coupe pas les mains, n’ont pas voté cette résolution.
Laisserez-vous la commission d’enquête internationale créée par le Conseil faire son travail?
C’est prématuré de répondre. C’est une décision qui sera prise par mon gouvernement.
Cette décision peut-elle conduire Israël à se retirer du Conseil des droits de l’homme?
Même si j’ai mis en cause le travail du Conseil des droits de l’homme, je crois que c’est important pour Israël de pouvoir s’y exprimer. C’est un forum politique, un peu comme un parlement. La partie en minorité ne peut pas former un gouvernement mais elle peut faire connaître son point de vue.
(Newsnet)