
En raison des combats qui font rage à Tripoli et Benghazi, l’Allemagne et la Grande-Bretagne ont appelé ce week-end leurs ressortissants à quitter la Libye. Samedi, les Etats-Unis ont évacué tout leur personnel diplomatique de leur ambassade, ainsi que les soldats qui la protégeaient..
Au moins 38 personnes, des soldats pour la plupart, ont été tuées ces dernières 24 heures dans des combats entre armée et groupes islamistes à Benghazi dans l’est de la Libye, selon diverses sources dimanche.
Des groupes islamistes ont lancé samedi une offensive contre le quartier général de l’unité des Forces spéciales de l’armée près du centre de la ville, et des combats avec les soldats s’en sont suivis, a indiqué une source militaire.
Les milices islamistes font la loi à Benghazi, chef-lieu de l’Est libyen, depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 après huit mois de révolte. Cette ville est le théâtre d’affrontements quasi-quotidiens entre l’armée et les groupes radicaux, dont Ansar Asharia, classé par Washington organisation terroriste.
Autorités impuissantes
Un général dissident à la retraite, Khalifa Haftar, mène par ailleurs depuis le 16 mai une opération contre les groupes «terroristes» dans la ville.
En parallèle, des affrontements opposent depuis le 13 juillet des milices rivales pour le contrôle de l’aéroport de Tripoli – fermé depuis cette date -, dans le cadre d’une lutte d’influence politique et régionale. Dimanche, 23 ouvriers égyptiens ont péri dans la destruction de leur foyer par une roquette tirée lors de ces combats.
Les violences risquent de plonger le pays dans la guerre civile, notamment en raison de la faiblesse des autorités de transition qui ont échoué jusqu’ici à construire une armée et une police professionnelles.
Berlin et Londres appellent à la prudence
Les violences ont également incité des chancelleries occidentales à la prudence. Le ministère allemand des Affaires étrangères enjoint tous ses ressortissants à quitter la Libye, selon ses nouvelles recommandations publiées sur son site internet dimanche.
«La situation est extrêmement imprévisible et incertaine», estime le ministère. «Les ressortissants allemands encourent un danger accru d’enlèvements et d’attentats», poursuit-il.
En Grande-Bretagne, le Foreign Office déconseille tout voyage en Libye, «en raison de l’intensification des combats à Tripoli et de l’instabilité» régnant dans tout le pays. «Les ressortissants britanniques en Libye doivent partir maintenant par des moyens privés», indique le site de conseils aux voyageurs actualisé samedi soir.
L’ambassade de Grande-Bretagne reste ouverte, mais avec un personnel réduit, a précisé Londres. Vendredi soir, la Turquie avait annoncé avoir évacué le personnel de son ambassade à Tripoli en raison de la détérioration de la sécurité.
Personnel US sous escorte aérienne
Les Etats-Unis ont évacué samedi sous escorte aérienne tout leur personnel diplomatique de leur ambassade en Libye, qui s’était retrouvé pris depuis le 13 juillet au milieu de violents combats entre milices rivales sur la route de l’aéroport de Tripoli. L’ambassade est située sur la route de l’aéroport.
Le département d’Etat a également diffusé un nouvel avertissement de voyage, recommandant aux citoyens américains de ne pas se rendre en Libye et pressant ses ressortissants sur place de «quitter immédiatement» le pays. Le secrétaire d’Etat américain John Kerry avait précisé que Washington «suspendait» ses opérations diplomatiques, mais ne fermait pas pour autant l’ambassade.
L’ambassade suisse reste également ouverte, mais Berne ne communique pas d’éventuelles mesures de sécurité pour son personnel diplomatique. Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) déconseille par ailleurs les séjours en Libye sur son site de conseils aux voyageurs. Les envoyés spéciaux en Libye de la Ligue arabe, de l’Union européenne, des Etats-Unis et de plusieurs pays européens ont appelé samedi à un cessez-le-feu. «La situation en Libye atteint un stade critique. Nous sommes très inquiets des violences qui ont lieu dans le pays et des conséquences sur le plan humanitaire», ont-ils affirmé dans un communiqué.
(ats/Newsnet)