IRAK: Le principal barrage du pays tombe aux mains des djihadistes

«Les bandes terroristes de l’Etat islamique ont pris le contrôle du barrage de Mossoul après le retrait des forces kurdes sans combat», a annoncé dimanche soir la télévision irakienne. Ce barrage est un atout pour les djihadistes sunnites de l’EI.

Il est susceptible de leur donner la capacité d’alimenter en eau les grandes villes d’Irak, ou de contrôler l’eau qui alimente les exploitations agricoles. Il s’agit aussi d’un atout de taille dans leur projet de renversement du gouvernement chiite de Nouri al-Maliki.

Depuis samedi, l’EI s’est également emparé des localités de Wana, Zoumar et Sinjar. Les insurgés ont aussi fait main basse sur deux champs de pétrole ayant une production totale de 20’000 barils par jour, Ain Zalah et Batma, et d’une petite centrale électrique. Dans un communiqué, l’Etat islamique indique avoir tué de nombreux combattants kurdes.

Sérieux revers

Il s’agit d’un sérieux revers pour les peshmergas (combattants kurdes), qui représentent une des rares forces encore capables de combattre en Irak. En remettant en question l’efficacité des combattants kurdes, les événements de dimanche posent à nouveau la nécessité de la formation d’un gouvernement irakien crédible, capable de s’opposer à l’EI.

Zoumar -comme Sinjar- faisait partie des zones prises par les peshmergas à la faveur du retrait de l’armée irakienne, complètement dépassée au début de l’offensive des insurgés sunnites en juin. Les djihadiste ont proclamé fin juin un «califat» à cheval sur l’Irak et la Syrie, après s’être emparés d’importants pans de territoires.

Drapeaux de l’EI

«Les peshmergas se sont retirés de Sinjar, l’EIIL est entré dans la ville», a expliqué Kheir Sinjari, un responsable de l’Union patriotique du Kurdistan (UPK), en désignant l’EI par son ancien acronyme. «Ils ont hissé leur drapeau sur les bâtiments gouvernementaux».

«Les peshmergas se sont repliés dans les zones montagneuses et reçoivent des renforts», a cependant précisé une source haut placée au sein des forces kurdes.

«Adorateurs du diable»

Située entre la frontière syrienne et Mossoul, Sinjar comptait 310’000 habitants, mais la ville accueille aussi des dizaines de milliers de réfugiés ayant fui devant l’avancée des insurgés sunnites ces dernières semaines dans la région. Une partie de ces réfugiés sont des Turcomans chiites.

La ville est aussi le foyer historique des Yazidis, une minorité kurdophone adepte d’une religion pré-islamique en partie issue du zoroastrisme. Les djihadiste les considèrent comme des adorateurs du diable.

Difficultés financières

Considérées comme les plus efficaces et les mieux organisées du pays, les forces kurdes sont toutefois sous pression en raison de difficultés financières et du poids que représente la sécurisation d’un territoire élargi de 40%. La région autonome ne touche plus sa part des recettes pétrolières nationales et peine à écouler sa production d’hydrocarbures.

Selon un haut responsable, une délégation kurde est actuellement aux Etats-Unis pour tenter d’obtenir un soutien militaire, ce qui devrait nécessiter en théorie l’accord de Bagdad, où les institutions sont pour l’instant quasi paralysées.

Tragédie humanitaire

«Une tragédie humanitaire est en train de se dérouler à Sinjar», a déclaré l’émissaire de l’ONU en Irak, Nickolay Mladenov. Brendan McDonald, un responsable du bureau de l’ONU pour les affaires humanitaires, a évoqué des informations signalant jusqu’à 200’000 personnes déplacées.

(ats/Newsnet)