UKRAINE: L’OTAN hausse le ton contre Moscou

«La Russie considère l’OTAN comme un adversaire», a dit le Danois Anders Fogh Rasmussen dans un entretien publié par le quotidien français «Midi Libre.» Le secrétaire général sortant de l’OTAN ajoute: «Je le regrette parce que nous devons développer une coopération fructueuse entre l’Ouest et la Russie.»

A ses yeux, «l’agression russe contre l’Ukraine justifie la préparation de nouveaux plans de défense». Ces propos font écho à une récente prise de position du premier ministre britannique David Cameron.

Ce dernier souhaite que l’OTAN positionne de façon permanente des troupes et du matériel militaire en Estonie, Lettonie et Lituanie. Il recommande également d’établir un siège dans les pays Baltes. Un sommet de l’OTAN est prévu à Newport, en Galles du Sud, les 4 et 5 septembre.

Un ton martial inquiétant

Le ton martial de David Cameron séduit les nouveaux membres de l’Europe de l’Est. Il inquiète en revanche ses autres partenaires de l’Union européenne (UE), peu soucieux de se lancer dans un conflit avec Moscou.

Les Européens ont imposé vendredi passé les premières sanctions économiques contre la Russie. Elles concrétisent leur colère après le crash meurtrier d’un avion malaisien abattu le 17 juillet par un missile tiré depuis les territoires contrôlés par les séparatistes prorusses, soutenus par Moscou, dans l’Est de l’Ukraine.

L’UE est prête à revenir sur ses sanctions si la Russie s’engage à trouver une solution pour résoudre la crise en Ukraine, a assuré au nom des 28 le président du Conseil de l’UE Herman Van Rompuy. Les Européens espèrent que ce geste va amener Vladimir Poutine à cesser son soutien aux séparatistes prorusses.

Ils en doutent toutefois. Maintes capitales européennes craignent une «fuite en avant» de M. Poutine, lequel pourrait accroître son soutien aux séparatistes.

Fermeté suisse

Le ministre suisse de l’Economie, Johann Schneider-Ammann, s’oppose pour sa part à une reprise des sanctions de l’UE: «Cela doit rester de notre ressort», a-t-il expliqué dans une interview publiée dimanche par «Schweiz am Sonntag».

Le gouvernement veut s’assurer que la Suisse n’est pas utilisée comme une plate-forme de contournement, déclare le conseiller fédéral PLR. Cependant, si la Russie est coresponsable du tir de missile contre le vol MH17 de Malaysia Airlines, la position de la Suisse sur les sanctions pourrait changer, a-t-il signalé.

Enormes moyens militaires

Actuellement, la Russie a posté plus de 12’000 hommes à la frontière avec l’Est de l’Ukraine, ainsi que d’énormes moyens militaires, indique l’OTAN. Pour le moment, le président russe conserve un ton conciliant.

Il s’est entretenu vendredi avec le président américain Barak Obama. Les deux dirigeants ont souligné que «la situation actuelle» autour de l’Ukraine «ne correspond pas aux intérêts» de la Russie ni des Etats-Unis, a indiqué le Kremlin.

Combats meurtriers

Sur le terrain, neuf civils ont été tués dans des combats dans les faubourgs des villes de Donetsk et Lougansk. L’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) a fait état de bombardements aux abords de Donetsk. Selon l’ONU, les affrontements dans l’Est de l’Ukraine ont fait plus de 1100 morts depuis le début de l’offensive de Kiev en avril.

Autour du site du crash du Boeing malaisien, des explosions sont audibles au loin. Une petite équipe d’experts internationaux a préféré rebrousser chemin samedi. Une centaine de spécialistes sont revenus sur les lieux dimanche, selon l’OSCE qui les encadre.

Kiev accuse directement les insurgés prorusses d’avoir abattu le Boeing de la Malaysia Airlines, qui transportait 298 passagers dont 193 Néerlandais, avec un missile fourni par Moscou. Plus de 200 cercueils ont été rapatriés, comme les boîtes noires.

(ats/Newsnet)