
Le journal florentin La Nazione a révélé dans son édition parue mercredi que Francesco Schettino, actuellement jugé pour le naufrage du Costa Concordia, a dispensé le 5 juillet et pendant près de deux heures une leçon de «gestion de la panique» à des étudiants de la Faculté de Médecine inscrits en master de criminologie médico-légale, avant de se voir décerner un diplôme de l’université.
Lors de son intervention dans un amphithéâtre rempli, Francesco Schettino s’est appuyé dans son raisonnement sur une reconstitution en 3D du naufrage, mettant en avant son expérience de commandant au long cours, selon la Nazione.
«J’ai voyagé dans le monde entier et je sais donc comment réagir dans de telles situations et lorsque l’on est confronté a des équipages où se mêlent différentes ethnies» a assuré l’ancien commandant, n’hésitant pas à définir le naufrage du Costa Concordia comme étant «seulement un accident».
Francesco Schettino s’est même hasardé à comparer le drame du Concordia aux attentats du 11 septembre 2001 à New York.
Il a ainsi interrogé les étudiants sur le fait que «personne ne se soit jeté du navire lors de son naufrage (celui du Costa Concordia, ndlr) alors que nombreux furent ceux qui sautèrent depuis les fenêtres des tours jumelles», selon le quotidien toscan.
Interrogé par les médias mercredi, le recteur de La Sapienza (la plus grande université romaine et l’une des plus principales du pays) Luigi Frati a dénoncé «un choix indigne et déplacé».
Le professeur Vincenzo Mastronardi, à l’origine de cette invitation douteuse, a d’ores et déjà été renvoyé devant le comité éthique de l’université, a fait savoir le recteur.
«L’intervention de Francesco Schettino est vraiment quelque chose de déconcertant» a regretté à son tour la ministre de l’Education italienne Stefania Giannini.
«Je suis complètement indigné lorsque que je vois ce qui peut se produire dans ce pays», s’est emporté Francesco Verusio, le procureur de Grosseto, où Franceso Schettino est le seul accusé dans le procès du naufrage du Costa Concordia. Schettino y est jugé pour homicide involontaire multiple, naufrage et abandon de navire.
La classe politique a elle aussi critiqué la prestation de Schettino.
Sandra Savino, députée Forza Italia (droite) s’est émue «qu’une université qui (avait) fermé ses portes à l’époque au Pape Benoît XVI, puisse aujourd’hui laisser intervenir le commandant Schettino».
Le naufrage devant l’île toscane de Giglio du Costa Concordia –aujourd’hui en cours de démantèlement dans le port de Gênes– avait fait 32 morts le 13 janvier 2012 lorsque le navire qui transportait plus de 4000 personnes, avait heurté violemment un écueil avant de basculer sur son flanc droit.
(afp/Newsnet)