IRAK: Nouvelles frappes américaines contre l’Etat islamique

 

Les forces américaines ont procédé vendredi à de nouvelles frappes aériennes contre l’Etat islamique au nord de l’Irak, qui ont permis d’«éliminer des terroristes», a indiqué le Pentagone.

Vers 10 heures, heure de Washington (16 heures en Suisse), une frappe, menée par un drone, a «éliminé des terroristes» qui servaient un mortier. Puis, à 11h20, quatre chasseurs ont largué un total de huit bombes qui ont neutralisé un convoi et un mortier près d’Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, a expliqué le porte-parole du Pentagone, le contre-amiral John Kirby.

Quelques heures auparavant, deux chasseurs avaient largué des bombes de 250 kg sur une pièce d’artillerie mobile de l’Etat islamique qui avait visé des forces kurdes à Erbil et menaçait les personnels américains qui y sont postés.

C’est la première fois que les Etats-Unis s’impliquent en Irak depuis le retrait de leurs troupes en 2011.

Eviter un «génocide»

Le président Barack Obama a autorisé ces frappes jeudi soir pour éviter un «génocide» et freiner l’avancée des extrémistes sunnites qui menacent les minorités chrétienne et yazidie, et le Kurdistan irakien.

La Maison Blanche a précisé qu’aucune date de fin n’avait été fixée pour cette opération, mais a répété que les Etats-Unis excluaient d’envoyer des troupes au sol et de s’engager dans «un conflit militaire prolongé».

Le chef de l’armée irakienne, Babaker Zebari, a estimé que cet appui aérien allait permettre d’obtenir rapidement «d’énormes changements sur le terrain.

Habitants en fuite

Les combattants de l’EI avaient encore marqué des points jeudi avec la prise de Qaraqosh, la plus grande ville chrétienne d’Irak, suivie de celle du barrage de Mossoul, le plus grand du pays, qui contrôle l’alimentation en eau et en électricité de toute la région.

Depuis dimanche, des dizaines de milliers de personnes ont pris la fuite dans le nord du pays face à l’avancée des djihadiste qui ne sont désormais qu’à une quarantaine de kilomètres d’Erbil, la capitale de la région autonome du Kurdistan, allié de Washington.

Après la prise de Qaraqosh et d’autres zones autour de Mossoul, que l’EI contrôle depuis le 10 juin, le patriarche chaldéen Louis Sako a fait état de 100’000 chrétiens jetés sur les routes. La plupart sont partis vers le Kurdistan.

Minorités en danger

Dimanche, les combattants de l’EI avaient déjà pris le contrôle de Sinjar, bastion de la minorité yazidie, une communauté kurdophone considérée par les djihadistes comme «adoratrice du diable», poussant à la fuite jusqu’à 200’000 civils selon l’ONU.

Certains ont pu fuir au Kurdistan ou en Turquie, mais des milliers d’autres sont piégés dans les montagnes désertiques environnantes, où ils risquent autant de mourir de faim et de soif que de se faire massacrer par les djihadistes, réputés pour leur cruauté.

Vivres et eau

L’armée de l’air américaine avait plus tôt dans la journée parachuté des vivres et de l’eau aux civils piégés dans les montagnes.

Un habitant de Sinjar, réfugié avec sa famille dans une caverne dans la montagne, a cependant déclaré vendredi au téléphone qu’aucune aide ne lui était encore parvenue. «Rien n’est tombé de ce côté de la montagne. Nous avons besoin de toute l’aide possible, vivres et eau. Il y a beaucoup d’enfants ici», a-t-il souligné.

Signe de l’inquiétude internationale, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est dit jeudi «scandalisé» par le sort des Yazidis et des chrétiens. Le pape François, qui a lancé un appel urgent à la communauté internationale pour «protéger» les populations en fuite, a décidé d’envoyer auprès d’elles le cardinal Fernando Filoni, ancien nonce en Irak.

«Quand quelque chose arrive aux Kurdes…»

A Bagdad, l’intervention américaine a cependant suscité le scepticisme, dans la mesure où le Premier ministre Nouri al-Maliki réclamait ces frappes depuis le début en juin de l’offensive de l’EI, qui était déjà bien implanté en Syrie et contrôle désormais de vastes pan du territoire irakien.

Obama «n’a rien fait pendant trois ans mais quelque chose arrive aux Kurdes et aux chrétiens et il commence à parler de terrorisme», a dénoncé Rashaad Khodhr Abbas, un fonctionnaire à la retraite.

Avions interdits de vols

L’Agence fédérale de l’aviation (FAA) a interdit vendredi aux avions commerciaux américains de survoler l’Irak. La FAA a cité des «situations potentiellement dangereuses créées par le conflit armé» entre les militants de l’EI et les forces de sécurité irakiennes comme la principale raison pour cette interdiction jusqu’à nouvel ordre.

L’interdiction vise «toutes les compagnies américaine et tous les opérateurs commerciaux», mais il n’a pas été précisé combien d’avions exactement étaient touchés par cette mesure.

L’Irak se trouve sur le chemin que peuvent emprunter les longs courriers entre l’Europe et le Moyen-Orient ou l’Asie.

Turkish Airlines, l’une des principales compagnies à voler vers son voisin irakien, a interrompu vendredi ses vols vers la principale ville du Kurdistan irakien. «Nos vols vers Erbil sont annulés pour des raisons de sécurité jusqu’à nouvel ordre», a indiqué Turkish Airlines dans un communiqué. Etihad Airways, la compagnie d’Abou Dhabi, a elle aussi interrompu dès jeudi ses vols vers Erbil.

(afp/Newsnet)