
Le souverain pontife s’est envolé pour Haemi, au sud-ouest de Séoul, pour y rencontrer les évêques d’Asie et célébrer la messe de clôture des sixièmes Journées asiatiques de la jeunesse (JAJ).
L’Eglise catholique, a dit le pape François dans son message à quelque 70 évêques venus de 35 pays, est prête au dialogue avec tous. «Dans cet esprit d’ouverture aux autres, a-t-il dit, j’espère vraiment que ces pays de votre continent avec lesquels le Saint-Siège n’a pas encore de relation complète, n’hésiteront pas à poursuivre le dialogue pour le bénéfice de tous.»
Il s’agissait d’une référence claire à la Chine avec laquelle le Vatican n’a pas de contacts depuis l’arrivée au pouvoir du Parti communiste en 1949.
Je ne parle pas ici seulement de dialogue politique, mais de dialogue fraternel», a-t-il ajouté. Ces pays doivent percevoir que «ces chrétiens ne viennent pas comme des conquérants».
Eglise «officielle» contre église clandestine
Les catholiques de Chine sont divisés en deux communautés, une église «officielle» appelée «Association patriotique» qui doit rendre des comptes au Parti communiste et une église clandestine fidèle au Saint-Siège.
Jeudi, lors du voyage entre Rome à Séoul, l’avion papal avait été autorisé à traverser l’espace aérien chinois, une première pour un souverain pontife.
Le principal contentieux entre le Vatican et la Chine porte sur la nomination des évêques. Le rapprochement est au point mort en raison de la consécration d’évêques sans l’agrément du Vatican.
Cela fait plusieurs années que le Vatican esquisse des gestes d’ouverture en direction de la Chine mais, autre pierre d’achoppement, le Vatican reconnaît Taïwan, que la Chine considère comme une province traître.
Corée du Nord, Vietnam
Les remarques du pape dimanche peuvent aussi s’appliquer à l’Afghanistan, au Bhoutan, à Brunei, au Laos, à la Birmanie et à la Corée du Nord. Dans ce dernier pays, reclus, la liberté de religion est garantie par la constitution sous réserve de ne pas nuire à l’Etat, mais en pratique, en dehors de quelques lieux de culte contrôlés par le gouvernement, aucune activité religieuse publique n’est autorisée.
La Corée du Nord a décliné une invitation de l’Eglise catholique de Corée du Sud qui proposait à des membres de l’Association catholique coréenne, une organisation contrôlée par l’Etat, d’assister à la messe papale de lundi à Séoul. Pyongyang a cité les manoeuvres militaires conjointes entre les Etats-Unis et la Corée du Sud pour décliner l’invitation.
En revanche, le dialogue entre le Vatican et le Vietnam communiste en est à un stade avancé. Les deux pays devraient avoir des relations diplomatiques d’ici quelques années.
Aider les plus vulnérables
Dans l’après-midi, lors de la messe de clôture des JAJ, l’évêque de Rome a invité les milliers de fidèles venus y assister à venir en aide aux plus vulnérables et à répondre «au cri de tant de monde dans nos villes anonymes».
Avant de quitter Séoul pour Haemi, le pape a tenu une promesse: baptiser le père d’une victime du naufrage du ferry Sewol survenu en avril dernier et lors duquel plus de 300 personnes, essentiellement des lycéens, avaient trouvé la mort.
Le baptisé, Lee Ho-Jin, a décidé de prendre François pour nom de baptême en l’honneur du pape.
Béatifications
Samedi, le souverain pontife avait béatifié 124 martyrs coréens, tués pour avoir refusé d’abjurer leur foi chrétienne aux XVIIIe et XIXe siècles. Hostile au prosélytisme, il a cité son prédécesseur Benoît XVI: «L’Eglise ne convertit pas par prosélytisme mais par attraction».
L’Église croît régulièrement en Asie – la Corée du Sud, où 10% de la population est catholique, en est un exemple frappant avec 100’000 baptêmes par an – mais ne représente que 3,2% de la population.
Le pape François a parlé de la «créativité» face à la diversité des réalités asiatiques et de «l’empathie» nécessaire pour les autres cultures. Il estime que la foi est d’abord menacée par le matérialisme, l’embourgeoisement et le relativisme, qui caractérisent les pays d’Asie en forte croissance.
(ats/Newsnet)