CONFLIT ARMÉ: Des dizaines de réfugiés tués dans des tirs en Ukraine

 

L’armée et les rebelles se renvoient la responsabilité des violences qui ont coûté la vie à plusieurs dizaines de réfugiés ce lundi.

De son côté, Moscou n’a vu aucun progrès dans les discussions diplomatiques après une rencontre dimanche soir à Berlin.

Les rebelles ont «tiré sur une colonne de réfugiés près de Lougansk sur la route entre Khriachtchouvate et Novosvitlivka avec des (lance-roquettes multiples) Grad et des mortiers livrés par la Russie», a dit le porte-parole militaire ukrainien Andriï Lyssenko. Il a plus tard évoqué des «dizaines de tués».

Le vice-premier ministre de la République populaire de Donetsk, proclamée par les séparatistes, Andreï Pourguine, a répliqué en affirmant que les rebelles ne disposaient pas des moyens de mener une telle frappe.

«Les Ukrainiens ont eux-mêmes bombardé constamment cette route avec des avions et des (missiles) Grad. Il semble qu’ils aient à nouveau tué des civils, comme ils le font depuis des mois. Nous n’avons pas les moyens de tirer des Grad dans ce secteur», a-t-il déclaré.

Plusieurs soldats tués

Un site d’informations proche des séparatistes a rapporté en revanche que rebelles et armée ont échangé des tirs d’artillerie dans le secteur où circulaient les cars de réfugiés.

Selon Andriï Lyssenko, ces réfugiés ont emprunté un couloir humanitaire au nord de Lougansk, bastion des insurgés prorusses, par lequel plus de 1800 personnes ont fui la ville en deux jours. Ils sont ensuite tombés «en pleine zone de combats» alors que les rebelles menaient une contre-offensive contre les forces gouvernementales dans la localité de Khriachtchouvate.

Il a par ailleurs fait état de neuf soldats ukrainiens tués et 20 blessés en 24 heures dans l’Est, alors qu’une opération militaire est en cours pour reprendre Lougansk aux insurgés.

Pas de progrès

Sur le front diplomatique, peu de progrès ont été faits lors de la réunion dimanche à Berlin entre les chefs de la diplomatie ukrainien, russe, français et allemand.

Moscou a déploré l’absence d’avancées sur un règlement politique du conflit. Selon le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, les Ukrainiens ont notamment exigé que Moscou assure «l’impénétrabilité de la frontière», par laquelle transite selon Kiev du matériel et des combattants pour renforcer les insurgés prorusses.

Kiev a de son côté prévenu que les discussions risquaient d’être longues avec la Russie. Dans le passé, le président Petro Porochenko a rejeté toute négociation avec les «terroristes» armés dans l’Est.

Donetsk ciblée

«Quatre points ont été abordés: le cessez-le-feu, le contrôle de la frontière, l’aide humanitaire et le processus politique. Des progrès ont été enregistrés mais le contexte est difficile», a confirmé une source diplomatique française, ajoutant que les ministres devaient désormais «en parler à leurs présidents».

Cette réunion a eu lieu dans un contexte de plus en plus difficile dans l’est de l’Ukraine, où le bastion insurgé de Donetsk, assiégé par l’armée ukrainienne, se voit à son tour privé d’eau courante. Des tirs ont endommagé une ligne électrique qui alimente sa principale usine de traitement d’eau.

Après une nuit relativement calme, les tirs d’artillerie ont par ailleurs repris dans la matinée, endommageant le réseau électrique, selon les autorités locales.

Quelque 300 camions

Et à Lougansk, également encerclé par les forces ukrainiennes, l’eau courante, l’électricité et le réseau téléphonique sont déjà coupés depuis plus de deux semaines et tous les accès à la ville sont fermés.

Au total, le convoi d’aide humanitaire russe destiné aux populations de l’Est victimes de combats était lui toujours bloqué lundi à la frontière pour la cinquième journée consécutive, malgré un accord trouvé samedi entre Kiev et Moscou sur les modalités d’inspection des quelque 300 camions.

Kiev a auparavant affirmé que la sécurité du convoi, qui doit traverser des zones soumises aux affrontements, était sous l’entière responsabilité de la Russie.

(ats/afp/Newsnet)