
Des miliciens chiites irakiens ont attaqué vendredi une mosquée sunnite de la province de Diyala, dans l’est de l’Irak, a-t-on appris de sources sécuritaires et auprès de la morgue. Ils ont tué au moins 68 personnes. Un bilan précédent faisait état de 32 morts.
Les récits de l’attaque contre la mosquée, qui a fait aussi des dizaines de blessés, variaient selon les sources, un habitant et une députée l’imputant à une «vengeance» de milices chiites après une attaque contre leur patrouille, alors que des officiers de l’armée et de la police l’attribuaient à l’EI.
Selon ces officiers, un kamikaze de l’EI s’est fait exploser à l’intérieur de la mosquée dans la localité de Hamrine, au nord-est de Bagdad, et trois autres membres du groupe ont tiré sur les fidèles fuyant le lieu de prière.
Attentats réguliers
Depuis plus d’un an, l’Irak était ensanglanté par des attentats quasi-quotidiens visant principalement la communauté chiite et les forces de sécurité, mais ces attaques avaient baissé d’intensité après l’offensive djihadiste, lancée le 9 juin.
Après la déroute des forces armées devant l’offensive de l’EI, les autorités irakiennes se sont tournées vers les milices chiites au nord de Bagdad pour soutenir ses troupes, et aux tribus sunnites à l’ouest.
Sur le front de guerre avec l’EI, les forces kurdes et les forces irakiennes tentaient de gagner du terrain face aux djihadistes dans le Nord, après avoir réussi à reprendre dimanche le barrage vital de Mossoul, avec le soutien aérien américain crucial et après la livraison d’armes occidentales.
Elles tentaient surtout de reprendre la ville clé de Jalawla conquise le 11 août par les djihadistes .
«Paralysie» de la communauté
De l’autre côté de la frontière, en Syrie, l’EI qui combat aussi bien les rebelles que le régime, a perdu 70 hommes ces dernières 48 heures dans les combats avec l’armée qui tente de défendre son dernier bastion -un aéroport militaire- dans la province septentrionale de Raqa.
Face à la violence inouïe dans ces deux pays voisins, la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Navi Pillay, a déploré la «paralysie» de la communauté internationale qui «encourage »les assassins, les destructeurs et les tortionnaires en Syrie et en Irak«.
Alors que les divisions internationales ont bloqué toute initiative sur la Syrie, Washington et ses alliés occidentaux cherchent à préparer désormais une stratégie à long terme pour tenter de stopper l’EI qualifié de »cancer« par le président Barack Obama.
Danger jamais égalé
L’EI est »plus sophistiqué et mieux financé que tout autre groupe que nous ayons connu. Il va au-delà de tout autre groupe terroriste«, a déclaré jeudi le secrétaire à la Défense Chuck Hagel, s’exprimant pour la première fois en termes aussi forts au sujet de ce groupe.
Mais pour le défaire, il faudra s’y attaquer des deux côtés de la frontière, c’est-à-dire »aussi en Syrie« et »cela sera possible lorsque nous aurons une coalition en mesure de vaincre l’EI«, a jugé le chef d’état-major interarmées, le général Martin Dempsey, présent à la conférence de presse à Washington
Selon le site d’information américain GlobalPost, l’un des employeurs de James Foley, ses ravisseurs avaient réclamé une rançon de 100 millions d’euros.
Selon le département d’Etat, quelque 12.000 combattants djihadistes étrangers venant de 50 pays différents se sont rendus en Syrie, dont un »petit nombre d’Américains«.
En Irak, selon un expert irakien, l’EI compte entre 8.000 et 10.000 combattants dont 40% d’étrangers.
Enfin, face à la crise humanitaire dans le nord de l’Irak, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés poursuivait son opération logistique massive pour assurer l’approvisionnement de secours à un demi-million de personnes ayant fui l’EI, en majorité des membres des minorités chrétienne et yazidie. Selon le HCR, quelque 700.000 déplacés ont trouvé refuge dans le Kurdistan.
(afp/Newsnet)