ETAT ISLAMIQUE: Bagdad tente d’apaiser les tensions confessionnelles

 

En pleine offensive de l’Etat islamique (EI) que les forces kurdes et irakiennes tentent avec difficulté de déloger des régions conquises depuis le 9 juin, un nouvel attentat, cette fois-ci mené par un kamikaze à bord d’une voiture piégée, a frappé samedi le siège des renseignements du ministère de l’Intérieur à Bagdad, faisant six morts.

Son mode opératoire rappelle celui des insurgés sunnites. Il survient au lendemain d’une attaque imputée à des miliciens chiites et qui a visé une mosquée sunnite dans la région de Diyala au nord-est de Bagdad, tuant 70 personnes et entraînant des heurts entre habitants sunnites et miliciens chiites.

Sunnites en colère

Les Etats-Unis ont condamné un attentat «abominable», qui aurait été mené en représailles à des attaques contre des miliciens chiites.

Le Premier ministre désigné Haïdar al-Abadi a aussitôt tenté d’apaiser les tensions confessionnelles suscitées par cette attaque qui risque d’accroître la colère de la minorité sunnite envers le pouvoir chiite qui a besoin de sa coopération dans son combat contre l’EI.

M. Abadi a appelé ses concitoyens «à resserrer les rangs pour empêcher les ennemis de l’Irak de provoquer des troubles».

L’attaque pourrait aussi compliquer davantage les tractations en vue de former un gouvernement appelé à répondre aux doléances de toutes les minorités, notamment celle des sunnites dont certains ont toléré l’EI après leur exclusion par l’ancien Premier ministre Nouri al-Maliki. Le chef du Parlement, le sunnite Salim al-Joubouri, a lui aussi appelé à l’unité.

Enquête ouverte

Le ministère de l’Intérieur a ouvert une enquête sur l’attentat, alors qu’Amnesty International a réclamé une enquête «indépendante sur ce massacre».

D’autres nouveaux attentats ont ensanglanté le pays samedi. Au moins 21 personnes ont été tuées et 118 blessées dans l’explosion quasi-simultanée de trois voitures piégées dans la ville de Kirkouk (nord), contrôlée par les Kurdes depuis le début de l’offensive djihadiste, . Et à Erbil, capitale de la région autonome du Kurdistan, un attentat à la voiture piégée a fait trois blessés.

Les corps de six soldats tués samedi ont été retrouvés sur une route au sud de Tikrit, tandis que l’explosion d’une bombe au passage d’un véhicule transportant des volontaires entre Tikrit et Samarra a tué l’un d’entre eux.

Après leur déroute aux premiers jours de l’offensive, les forces irakiennes comptent, selon les régions, sur l’appui des miliciens chiites ou des tribus sunnites, outre celui des Kurdes dans le nord, pour freiner l’EI.

Aux abords d’Amerli, à 160 km au nord de Bagdad, un colonel a affirmé que des troupes prenaient position pour briser un siège imposé par les djihadistes depuis plus de deux mois.

Risques de massacres

Les habitants, majoritairement des turcomans chiites, risquent d’être «massacrés», a mis en garde le représentant de l’ONU en Irak, Nickolay Mladenov.

Dans une tribune publiée par le «Washington» Post, le vice-président américain Joe Biden s’est dit favorable à un système fédéral en Irak avec trois régions semi-autonomes attribuées aux chiites, sunnites et Kurdes, tout en plaidant pour l’unité.

L’EI, un groupe à la réputation sanguinaire qui a révulsé le monde en diffusant mardi une vidéo le montrant décapiter le journaliste James Foley, est également engagé dans la guerre en Syrie voisine. Au moins 24 djihadistes de l’EI ont été tués dans la nuit de vendredi à samedi dans des combats avec les forces du régime dans la province de Raqa (nord).

Les Etats-Unis, qui aident les Irakiens dans leur lutte contre les djihadistes en leur fournissant armes, conseillers et un soutien aérien, ont dit examiner différentes options pour répondre à la décapitation par ces extrémistes sunnites de M. Foley qu’ils ont qualifiée d’«attaque terroriste».

(ats/Newsnet)