
Concentration maximale, regard aussi aiguisé que leurs lames et geste vif mais précis, ce week-end, 147 lanceurs de couteaux et de haches de 15 pays différents ont disputé en Bretagne les championnats du monde de la discipline.
A Callac, une petite ville des Côtes-d’Armor, des dizaines de stands de tirs aux formes et aux couleurs variées ont été disposés sur le terrain de football du stade municipal.
Des centaines de curieux, maintenus derrière des barrières de sécurité, regardent les lanceurs rivaliser d’adresse à 3 mètres, à 5 mètres, à 7 mètres, dans des épreuves de vitesse, ou au tir sur une silhouette – avec pour objectif, comme dans le célèbre numéro de cirque, de viser des cibles entourant une Cléopâtre de carton, sans la toucher.
Des lanceurs des Etats-Unis
Cette rencontre internationale se déroule pour la première fois en France grâce à Pierre Cazoulat, 46 ans, un enfant du pays, passionné depuis tout petit par les lancers, et qui a fait de la coutellerie son métier.
Après avoir passé plusieurs années au Canada, il a découvert le lancer de couteau sportif en 2008 et commencé à participer à des compétitions nationales et européennes.
Cette année, il a décidé de faire des championnats d’Europe, organisés tous les ans par l’association Eurothrowers, un évènement mondial, en invitant des lanceurs des États-Unis.
Un sport très masculin
Il a aussi voulu rendre son sport, encore méconnu, accessible au plus grand nombre, quitte à malmener un peu l’organisation des dernières années, centrée autour des lancer à 3, 5 et 7 mètres.
Le lancer de couteau et de hache reste toutefois un sport très masculin, avec seulement 33 femmes sur 147 concurrents. Une proportion étonnamment basse, dans la mesure où la force ne joue qu’un petit rôle dans ce sport.
«C’est le relâchement qui apporte la force et la vitesse au couteau, ce n’est pas une question de musculature», a expliqué M. Cazoulat.
Aussi un art martial
Ce qui compte, c’est la «maîtrise de soi, et d’arriver à analyser comment le couteau et la hache arrivent», a confirmé Daniela Meyer-Speicher, une Alsacienne de 38 ans, médaille d’argent au lancer de couteau à 3 mètres et de bronze à la hache à 7 mètres.
Elle qui a découvert la discipline il y a quelques mois, précise toutefois aussi qu’«il faut aimer l’accessoire. Si on a peur de ces instruments, c’est pas la peine de pratiquer».
Mais la star de cette édition est incontestablement Melody Cuenca, une lanceuse américaine qui a raflé vendredi, pour la première journée, le bronze au couteau à 3 mètres, l’argent à la hache à 5 mètres, et l’or au couteau à 5 mètres et à 7 mètres.
L’Américaine a toutefois le triomphe modeste. «Je lance des couteaux depuis 9 ans. Mon mari et moi avons une école d’arts martiaux à Las Vegas où nous enseignons le lancer des couteaux», a-t-elle raconté.
(smk/afp/Newsnet)